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L’économie rwandaise entre le marteau de l’inflation et l’enclume de la récession


  21 Novembre      132        Economie (20953), Finance (1502),

 

Kigali, 21/11/2022 (MAP) – Depuis plusieurs mois, les Rwandais font face à une hausse de prix inédite touchant les différents produits de base et impactant durement leur pouvoir d’achat.

Avec l’accélération de l’inflation depuis le début de l’année, les Rwandais se sont retrouvés face à une crise aussi critique que celle de la Covid-19 dont les effets continuent de se faire ressentir. Une situation qui rend compliqué pour les citoyens le simple fait de subvenir à leurs besoins quotidiens en alimentation et en produits de base.

En effet, l’indice des prix à la consommation publié par l’Institut rwandais des statistiques montre que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 40% en octobre dernier par rapport à octobre 2021, ce qui reflète le niveau de souffrance des ménages qui peinent à assurer leur propre panier alimentaire dans une conjoncture marquée par la hausse du chômage.

Face à cette situation, la Banque centrale rwandaise (BNR) s’est retrouvée contrainte d’intervenir, une nouvelle fois, pour durcir des politiques monétaires afin de stopper l’inflation. Ainsi, la banque vient d’annoncer, pour la deuxième fois en une année, une hausse du taux d’intérêt.

En août dernier, la Banque centrale, qui avait augmenté le taux d’intérêt de 5% à 6%, a relevé ce taux à 6,5%, estimant que cette mesure serait à même de limiter le taux d’inflation à 12% à fin 2022.

Cette décision vise essentiellement à faire baisser l’inflation à un niveau entre 2% et 8% au cours du deuxième semestre 2023, a expliqué le Président de la Banque John Rwangombwa, notant que cette mesure est à même de préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

La décision de la BNR a suscité des réactions mitigées parmi les experts et les économistes rwandais. Certains sont persuadés que la décision est à même de stopper la courbe ascendante de l’inflation, tandis que d’autres se préoccupent de ses effets graves sur l’investissement, estimant qu’elle peut provoquer une récession économique.

Dans une déclaration à la MAP, l’expert économiste rwandais Ismael Buchanan a relevé que l’augmentation du taux d’intérêt est une décision pour « la survie économique » dans cette conjoncture, malgré le risque d’une récession économique, notant que la mesure contribuera, sans doute, à limiter les hausses successives des prix.

Malgré l’intervention de la Banque centrale en août dernier, le taux d’inflation a poursuivi sa hausse progressive, atteignant un niveau inédit, a ajouté M. Bouchanan, expliquant cette tendance par des pressions extérieures et d’autres purement locales.

Concernant les facteurs extérieurs, l’expert rwandais a souligné que la crise russo-ukrainienne a fortement affecté, non seulement les prix des carburants mais aussi les prix des autres produits de base, tels que les céréales et les engrais, expliquant que la hausse de la valeur du dollar, en plus de la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont contribué à l’augmentation des pressions inflationnistes.

De même, il a ajouté que les conditions climatiques inadéquates ont contribué au recul considérable de la production agricole, ce qui a conduit à l’augmentation des prix des produits alimentaires et à l’inflation, qui devrait atteindre 13,2% à fin 2022.

De son côté, Jean Claude Rwubahuka, expert économiste basé à Kigali, a souligné que le durcissement de la politique monétaire pourrait être une mesure adéquate pour faire face aux pressions inflationnistes actuelles, notant qu’une plus forte augmentation du taux d’intérêt est susceptible d’affecter le secteur d’investissement.

La hausse du coût des crédits contribuera à la réduction des nouveaux investissements, ce qui se reflètera directement sur les niveaux d’emploi et la croissance économique, a-t-il expliqué, ajoutant que les trois prochains mois seront suffisants pour peser les effets des politiques de la BNR, à la fois sur le taux d’inflation et sur les décisions des acteurs économiques.

Eu égard aux développements économiques au niveau mondial liés notamment à l’augmentation des taux de la réserve fédérale américaine, la récession économique mondiale, ainsi que la dépréciation du franc rwandais par rapport au dollar, l’économie rwandaise, à l’instar des autres économies émergentes, devrait s’apprêter à de longues périodes de perturbation économique.

Néanmoins, la flexibilité montrée par l’économie du Rwanda durant les dernières années, avec notamment un taux de croissance de 7,5% au deuxième trimestre 2022, laisse présager des signes positifs sur la capacité du pays à surmonter cette conjoncture économique compliquée et en sortir avec un minimum de dégâts.

Youness BOUZRIDA

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