Rabat, 16/04/2024 (MAP) – Les participants à un panel autour des enjeux géoéconomiques des espaces maritimes de l’Afrique atlantique ont disséqué, mardi à Rabat, les mécanismes indispensables au renforcement du positionnement de la façade atlantique africaine.
Tenu dans le cadre d’une conférence-débat organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) sur les « enjeux stratégiques des espaces maritimes de l’Afrique atlantique », ce panel a été l’occasion d’examiner les perspectives de la maritimisation des économies africaines, l’économie bleue entre atouts et opportunités, la connectivité maritime et la gestion des infrastructures portuaires.
A cette occasion, la directrice générale de l’Office national des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), Amina Benkhadra, a indiqué que l’Afrique dispose d’une façade atlantique extrêmement importante et de zones économiques qui ne sont pas souvent intégrées dans le développement, bien qu’elles soient riches en ressources naturelles, en matières premières et en nouveaux gisements miniers.
La grande partie du commerce se fait par voie maritime (plus de 90%), d’où l’impératif de miser sur différents secteurs y afférents, dont le tourisme, la pêche, le développement des ressources énergétiques et minières et la préservation de l’environnement contre le changement climatique, a-t-elle relevé.
Sur le plan national, a-t-elle poursuivi, grâce à la Vision Royale d’intégration et de coopération sud-sud, le Maroc a mis en œuvre des programmes et des projets dans différents secteurs, tels que les infrastructures, l’habitat et les énergies, qui doivent servir de modèle au développement attendu dans le continent africain.
Dans la même lignée, Mme Benkhadra a mis en avant l’Initiative Atlantique africaine lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui reflète l’émanation de cette vision transatlantique portée par le Souverain depuis plusieurs années, pour faciliter l’accès des pays du Sahel à la façade atlantique en faveur de l’intégration régionale et de la croissance multisectorielle.
Pour sa part, la directrice des Ports et du Domaine public maritime au ministère de l’Equipement et de l’Eau, Sanae El Amrani, a fait savoir que les ports se trouvent au cœur de toutes les activités de valorisation du potentiel portuaire et maritime liées à la pêche, aux produits exportés, y compris les produits énergétiques et les ressources naturelles, et à la logistique maritime, eu égard au rapport entre les enjeux géoéconomiques et les activités de l’économie bleue.
“L’Afrique représente seulement 5% des marchandises débarquées et 7% des marchandises embarquées”, et n’est pas au diapason des normes internationales, a-t-elle fait observer.
Elle a, à ce propos, énuméré certains défis et enjeux qui pèsent sur le secteur portuaire, à savoir la décarbonation, la durabilité, la résilience, la digitalisation, la Supply Chain et les Stocks stratégiques ainsi que la saturation des terminaux portuaires.
Mme El Amrani a, dans ce sens, rappelé la Stratégie nationale portuaire à l’horizon 2030 visant à avoir des ports performants et durables, catalyseurs de la compétitivité de l’économie nationale, et acteurs incontournables dans le positionnement du Maroc sur les façades méditerranéenne et atlantique.
Le directeur de l’Institut national de la Recherche halieutique (INRH), Abdelmalek Faraj, a, de son côté, souligné la nécessité de maintenir un écosystème et une pêche durables dans un cadre raisonné, afin d’augmenter la production halieutique.
“Le secteur halieutique a non seulement un intérêt pour la sécurité alimentaire, mais il peut également contribuer à porter la durabilité des océans”, a-t-il expliqué.
Le Maroc dispose d’un potentiel considérable en matière d’aquaculture, à travers la mise en place d’une politique très ambitieuse et volontariste et de plans d’aménagement, l’investissement dans la recherche et le test de prototypes aquacoles en océan atlantique, a relevé M. Faraj, appelant à recourir à la technologie en vue de bénéficier davantage de l’espace maritime.
Larabi Jaïdi, Senior Fellow au PCNS, a, quant à lui, insisté sur l’importance pour l’Afrique d’accéder au marché international, notamment à la faveur de l’extraversion des économies, notant le besoin d’un réajustement des choix stratégiques pour endogénéiser l’économie maritime.
Il a, par ailleurs, plaidé pour la construction d’une armature portuaire pérenne sur la façade atlantique qui ferait office d’une porte de l’Afrique continentale, dans le but de consolider le positionnement du continent dans le domaine maritime à l’échelle mondiale et de favoriser une complémentarité concrète entre les différents pays africains.
Outre les enjeux géoéconomiques, plusieurs thématiques ont été abordées lors de cette conférence, à savoir les enjeux géopolitiques en termes d’intégration de la région et la rivalité des puissances dans l’espace Afrique atlantique, les enjeux juridiques tels que les droits maritimes ainsi que les enjeux sécuritaires, notamment, en rapport avec la préservation du capital maritime africain.