Johannesburg, 06/01/2025 -(MAP)- L’extorsion est devenue un problème majeur en Afrique du Sud et les incidents devraient encore augmenter en 2025, à mesure que la tendance s’accentue, touchant les entreprises et les particuliers, a indiqué lundi la Commission de sécurité du Parlement.
«Les extorqueurs ciblent les grandes et petites entreprises des secteurs de l’hôtellerie, de la construction et de la vente au détail, lorsqu’ils constatent une augmentation de leurs flux de trésorerie», a déclaré au Parlement le président de la Commission, Ian Cameron.
Il a expliqué que les petites entreprises qui fonctionnent avec de faibles marges sont obligées de payer régulièrement des «frais de protection» pour éviter d’être victimes de violence ou de voir leurs biens détruits.
Dans son discours sur l’état de la nation, le Président Cyril Ramaphosa a promis que le gouvernement luttera contre les groupes criminels qui extorquent de l’argent aux chantiers de construction et à d’autres entreprises. «Nous devons lutter contre les gangs criminels qui envahissent les chantiers de construction et autres sites commerciaux pour extorquer de l’argent aux entreprises», a-t-il déclaré.
Le gouvernement a déclaré que depuis 2019, les extorqueurs ont perturbé plus de 180 projets d’une valeur de 3,3 milliards de dollars (63 milliards de rands), en utilisant des tactiques telles que l’extorsion, l’intimidation, la violence et le sabotage.
Il a annoncé avoir créé des unités spécialisées, notamment le Service de police sud-africain et l’Autorité nationale des poursuites pour lutter contre ces crimes.
Bien que le secteur de la construction soit le plus durement touché par ce phénomène, la criminalité s’est propagée jusque dans les foyers des personnes vulnérables.
S’exprimant devant la Commission parlementaire chargée de la police, Khosi Senthumule a relevé une augmentation des cas d’extorsion, notant que les entreprises et les institutions gouvernementales sont contraintes de payer des frais de protection, sous peine de graves conséquences, notamment la mort ou la fermeture de l’entreprise. Il a aussi révélé une augmentation des enlèvements à des fins d’extorsion.
Selon Willem Els de l’Institut d’études de sécurité, l’extorsion va de pair avec les enlèvements contre rançon, qui ont augmenté ces dernières années en Afrique du Sud.
L’Afrique du Sud a l’un des taux d’enlèvement les plus élevés en Afrique et dans le monde et le fléau perdure toujours, malgré les efforts déployés par les autorités, selon les statistiques annuelles de la criminalité, publiées par le Service de police (Saps).
Entre avril 2023 et mars 2024, les services de police d’Afrique du Sud ont enregistré 17.061 cas d’enlèvement.
Le pays a également enregistré au cours des quatre derniers trimestres, 27.016 meurtres et 53.061 délits sexuels, a déclaré le ministre de la Police, Senzo Mchunu, lors d’un point de presse pour la présentations des statistiques trimestrielles sur la criminalité.