Kigali, 17/11/2023 (MAP) – Inondations, glissements de terrain et pertes de vies et de biens. Tel est le scénario vécu chaque saison de pluies au Rwanda, où les précipitations saisonnières sont devenues un véritable cauchemar pour les habitants.
Les inondations causées par les pluies saisonnières sont les catastrophes naturelles les plus répandues et les plus désastreuses au Rwanda, le gouvernement faisant état d’au moins 1.289 morts suite aux différentes inondations survenues entre 2017 et mai 2023 dans différentes régions du pays.
Rien qu’en 2023, le nombre de décès causés par les inondations a dépassé les 200, dont 135 personnes ont perdu la vie suite aux vastes inondations ayant touché, début mai dernier, plusieurs districts du pays.
Cette catastrophe a causé la destruction de plus de 5.500 habitations, 20 routes et 50 écoles, ainsi que des récoltes et des infrastructures d’eau et d’électricité, poussant plus de 20.000 personnes à se réfugier dans des endroits plus sûrs.
Cette situation a constitué un fardeau pour le gouvernement qui s’est efforcé à allouer des fonds importants pour assurer l’aide nécessaires aux personnes déplacées et les loger dans des refuges sécurisés, allouant également un soutien direct aux familles touchées pour la reconstruction des habitations.
En effet, selon un bilan des dégâts causés par les glissements de terrain et les inondations élaboré par le ministère des Finances et de la Planification économique, le Rwanda a besoin d’environ 415 millions de dollars pour faciliter le rétablissement après les pertes provoquées par ces catastrophes en 2023.
Les inondations devront provoquer une baisse du PIB de l’ordre de 31,1 millions de dollars, ce qui entraînerait un recul de 0,17% de la croissance économique, selon le même document, qui indique que les effets indirects de ces catastrophes entraîneraient des pertes d’environ 159,7 millions de dollars, ce qui provoquerait une baisse supplémentaire de 0,23% du PIB.
Ainsi, les inondations enregistrées cette année devraient provoquer une baisse du PIB prévu au titre de l’année 2023 à 5,8%, contre 6,2% initialement annoncé.
Face à cette situation et afin de prévenir les effets dévastateurs des inondations, le Conseil des ministres a adopté récemment une politique nationale de gestion et de lutte contre les risques des catastrophes, et ce, afin de renforcer son cadre juridique et institutionnel pour gérer les catastrophes et développer les capacités de gestion sur tous les niveaux.
Dans ce contexte, le gouvernement rwandais a lancé plusieurs dispositions proactives pour prévenir les risques des inondations, en plus d’un ensemble de projets visant à alléger les effets des inondations dévastatrices causées par l’activité volcanique dans les districts de Burera, Musanze, Nyabihu et Rubavu.
Parmi ces dispositions figurent notamment la mise en place d’un système moderne de prévisions météorologiques et des systèmes d’alerte, l’élaboration de plans des inondations, la construction des nouvelles maisons en dehors des périmètres menacés, le renforcement de la protection de ces périmètres à travers la construction de lacs, de barrages et de canaux pour évacuer les eaux en dehors des zones urbaines.
Le Rwanda enregistre durant les deux saisons de pluies, de septembre à décembre et de février à juin, de fortes précipitations pouvant atteindre jusqu’à 200 mm, en particulier dans les districts du sud et de l’ouest.
Avec la poursuite prévue des phénomènes climatiques extrêmes en raison du changement climatique, le risque des inondations continuera de guetter les Rwandais à moins que des dispositions sérieuses soient mises en oeuvre pour assurer une réponse efficace à ces catastrophes.
Youness BOUZRIDA