Rabat, 23/04/2024 (MAP)- Le Laboratoire Langue, Littérature, Arts et Cultures de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat (FLSHR) a organisé, mardi, une journée d’études en hommage à Henri Lopes, homme de lettres, diplomate et ancien premier-ministre congolais, qui a marqué par ses écrits la littérature africaine contemporaine.
Auteur d’une douzaine d’ouvrages littéraires, dont son célèbre « Le Pleurer-rire » (Présence africaine, 1982) et « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » (Gallimard, 2003), Henri Lopes, a livré à travers ses écrits sa théorie de métissage et son identité triple à la fois originelle, internationale et personnelle.
« La littérature francophone qui nous réunit aujourd’hui autour de la figure marquante que fut et restera l’écrivain congolais Henri Lopes (1937-2023) est la preuve tangible que la langue française est passée, depuis, entre d’autres mains et qu’elle a désormais ses grands classiques », a souligné la doyenne par intérim de la FLSHR, Leila Mounir, notant que cette journée d’études est une occasion de lire Henir Lopes pour se rendre compte de l’idiome de l’écrivain au sein de la langue standard.
De son côté, le chef de département de langue et de littérature française, Hassan Moustir, a indiqué que cette journée d’études, organisée en hommage à Henri Lopes, figure culturelle et politique disparu en 2023, s’inscrit dans le cadre d’un nouveau cycle baptisé « Lire et relire ».
« Cet hommage vise à faire découvrir nos classiques africains à notre public marocain notamment estudiantin pour porter son regard vers l’intérieur du continent sur des auteurs ayant des accents critiques ou parfois esthétiques très marqués comme celui de Henri Lopes », a expliqué dans une déclaration à la MAP, M. Moustir, également directeur du Laboratoire Langues, Littérature, Arts et Cultures.
Il a affirmé que Henri Lopes était un écrivain qui s’est démarqué de la négritude en abordant l’identité dans son rapport avec autrui sous l’angle de la complexité, mettant en relief son apport sur le plan esthétique et fondamental à travers son chef-d’œuvre « Le Pleurer-rire » où l’auteur a donné l’illustration pertinente de son appropriation de la langue française pliée à ses exigences expressives propres.
Pour sa part, Bouazza Benachir, enseignant-chercheur, a soutenu que Henri Lopes a opéré une nouvelle discursivité dans la manière de présenter, d’écrire et de penser l’Afrique, relevant que la pensée lopésienne s’est façonnée au fil du temps à travers ses connexions avec le mouvement culturel de la négritude et sa corrélation avec le mouvement new-yorkais de Harlem Renaissance, pour s’affirmer par la suite comme « une autre manière de narrer, de penser et de mettre en récit l’Afrique ».
Au programme de cette journée d’études, qui a rassemblé d’éminents chercheurs marocains, africains et internationaux, figurent des interventions autour de la pensée et des contributions de l’auteur, dont « Henri Lopes: littérature et pensée », « Entre l’authenticité et la métamorphose: Henri Lopes à la recherche contrasté des Afriques », « Henri Lopes: Métaphysique des nuances », « Vers une exploration des frontières linguistiques et culturelles dans +Le chercheur d’Afriques+ d’Henri Lopes » et « Les Tribaliques: enracinement dans la négritude ou dépassement ».
Né en 1937 à Léopoldville (actuelle Kinshasa) dans un pays sous domination coloniale belge, Henri Lopes a mené une carrière politique très dense entre postes de ministre, de diplomate et de premier ministre. En tant qu’écrivain, Henri Lopes a été l’une des figures emblématiques de la littérature africaine moderne.
Décédé à à Suresnes (région parisienne) à l’âge de 86 ans, Henri Lopes laisse à la postérité une oeuvre littéraire riche et variée, dont « Tribaliques », « La nouvelle romance », « Le Chercheur d’Afriques », « Une enfant de Poto-Poto » et le « Méridional »