Bruxelles, 11 janvier 2025 (ACP).- La République démocratique du Congo et la Belgique ont fait jeudi un tour d’horizon des questions d’intérêt commun ainsi que des perspectives de la coopération bilatérale, lors d’une première audience que le nouveau ministre belge des Affaires étrangères a accordée, mercredi à Bruxelles, à l’ambassadeur de la RDC au Benelux, selon un communiqué remis à l’ACP.
« La Belgique reste préoccupée par la dégradation de la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo », a déclaré M. Bernard Quintin, qui a pris ses fonctions le 2 décembre 2024, succédant à Mme Hadja Lahbib, nommée commissaire européenne. Le ministre « a souligné l’importance que son pays attache à la RDC au regard des liens qui unissent les deux pays et rappelé la place qu’occupent les relations bilatérales entre nos deux États dans le concert des nations, ajoute le texte.
Concernant la situation dans l’Est de la RDC, la Belgique appuie la déclaration de l’Union européenne qui a exprimé son plein soutien aux processus de Luanda et de Nairobi, invitant les différentes parties à la mise en œuvre de tous les engagements pris dans ce cadre. « Le Rwanda doit retirer ses troupes de la RDC et cesser son soutien au M23 », a-t-il déclaré, joignant la position de la Belgique à celle de l’UE sur cette question particulière.
A cet effet, la Belgique prendra contact avec le facilitateur désigné de la Communauté de l’Afrique de l’Est, l’ancien président kenyan Uhuru Kenyatta, « dans le but de créer une nouvelle dynamique autour du processus de Nairobi et, en définitive, le coupler, sous un format adapté, à celui de Lusaka », a indiqué le ministre belge des Affaires étrangères.
Pour sa part, l’ambassadeur Christian Ndongala Nkuku a souligné que les Processus de Luanda et de Nairobi restent essentiels pour rétablir la paix et la stabilité dans les Grands Lacs. Cependant, leur succès dépend de la bonne foi des parties impliquées et d’un engagement ferme de la communauté internationale pour garantir le respect des accords et sanctionner les violations.
Le diplomate a abordé la question liée aux principaux défis de ces processus, notamment le non-respect des engagements pris dans les deux cadres, le soutien au M23 par le Rwanda, la violation du cessez-le-feu. Il a exhorté la communauté internationale à tirer les conséquences de l’échec du sommet tripartite du 15 décembre 2024 ainsi que de la signature de l’accord de paix, et à agir face à l’attitude obstructionniste du Rwanda.
La RDC réaffirme sa détermination et son engagement envers une paix juste et durable dans la région des Grands lacs et sa volonté de poursuivre les discussions dans le cadre du processus de Luanda, malgré les blocages actuels, a indiqué l’ambassadeur Ndongala.
Le chef de la mission diplomatique de la RDC a abordé aussi la question du renouvellement du mandat de la Monusco. En prenant acte de cette décision, « la RDC déplore toutefois que malgré les conclusions du rapport du Groupe d’experts, le Conseil de sécurité n’ait pas eu le courage de nommer le « pays voisin » qui apporte un soutien opérationnel au M23 ». Pour ce nouveau mandat, que la RDC espère le dernier, des ressources adéquates sont essentielles pour permettre à la mission de remplir ses responsabilités de manière définitive. a indiqué le professeur Ndongala, selon le communiqué.
De la réforme constitutionnelle
Par ailleurs, à propos de la révision constitutionnelle envisagée en RDC, le Pr Christian Ndongala a souligné la pertinence et les enjeux de ce travail, en insistant sur la création prochaine par le chef de l’État congolais, et en vertu des prérogatives qui lui sont reconnues par la Constitution, d’une commission au sein de laquelle siégeront, entre autres, des membres de l’opposition et de la société civile congolaise.
« Le Président Tshisekedi appelle à une réflexion sur notre Constitution actuelle, avec comme question fondamentale : cette Constitution cadre-t-elle avec les réalités actuelles de notre société ? Ce n’est qu’à l’issue de cette concertation que l’option sera levée sur la direction à prendre pour notre Constitution actuelle. Il n’est nullement question, ainsi que le prétendent certains membres de la classe politique congolaise, d’une quelconque volonté du Président Tshisekedi de briguer un autre mandat que lui interdit la Constitution », a précisé le professeur Christian Ndongala Nkuku.
Le ministre belge des Affaires étrangères a pris acte de cette démarche qui relève du champ de la politique intérieure de la RDC. « La Constitution est un texte dynamique, un texte fondamental qui reflète le consensus. Il appartient à chaque pays de trouver son mode de fonctionnement », a déclaré le ministre belge des Affaires étrangères.
D’autre part, en ce qui concerne la suspension du moratoire sur la peine de mort, l’ambassadeur de la RDC a rassuré son interlocuteur qu’il s’agit d’une « mesure exceptionnelle motivée par la situation dans l’Est de la RDC marquée par la trahison. Le gouvernement congolais compte sur l’effet dissuasif de cette disposition pour contenir ce phénomène. Il ne rentre guère dans la vision du Président Tshisekedi de se mettre à faire exécuter des Congolais. Loin de constituer un recul dans le domaine des droits de l’homme, cette mesure répond aux impératifs sécuritaires du pays », a fait remarquer le diplomate congolais. « La RDC a été officiellement élue en octobre dernier, pour trois ans, au Conseil des droits de l’Homme à Genève, a rappelé l’ambassadeur Ndongala.