Abidjan, 19 nov 2024 (AIP)- La ministre française de la Culture, Rachida Dati, et son homologue ivoirienne, Françoise Remarck, ont signé lundi 18 novembre 2024 à Paris (France), une convention de dépôt du Djidji ayôkwé surnommé le « tambour parleur », au Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, à Abidjan.
Depuis deux ans, la Côte d’Ivoire attend le retour du Djidji ayôkwé dont elle a réclamé la restitution dès 2019. Cet imposant instrument de 430 kilos et trois mètres de long sommeille dans les réserves du Musée du quai Branly à Paris, après avoir fait l’objet d’une restauration en 2022, en vue de son transfert.
Confisqué en 1916 par l’armée française à la communauté ébrié, le Djidji Ayôkwé devait être le tout premier bénéficiaire de la loi-cadre accélérant la restitution des œuvres d’art pillées en Afrique à l’époque coloniale. Le président français Emmanuel Macron s’est engagé en octobre 2021 lors du sommet Afrique-France, à restituer ce tambour réclamé par la communauté atchan depuis des années et par le gouvernement ivoirien depuis la fin 2018. Il sera le premier des 148 objets pillés demandés par la Côte d’Ivoire à la France à revenir au pays.
« Sa place au musée des civilisations d’Abidjan est déjà trouvée », assure la directrice générale de la culture au ministère ivoirien de la culture, Sylvie Memel Kassi, par ailleurs, ancienne directrice du musée, et qui travaille sur ce dossier depuis des années. « C’est beaucoup d’émotion. Je réalise que la question du retour est une réalité. J’ai vu cet objet enlevé dans la douleur, arraché, coupé de sa source. On ne peut pas effacer cette histoire mais, désormais, on l’appréhende autrement », a-t-elle souligné.
Les chefs Bidjan autour du djidji ayôkwé, « tambour parleur » de l’ethnie Tchaman, au Musée du quai Branly à Paris, le 7 novembre 2022
Le potentiel retour du tambour en terre d’Eburnie est donc vécu par les chefs Bidjan comme un « nouveau commencement, car désormais, sous l’impulsion du ministère de la Culture, des réunions entre villages sont organisées chaque semaine, ce qui ne se faisait plus depuis 106 ans », souligne le porte-parole des chefs Bidjan, Guy Djagoua.
Avant d’être transporté en France en 1930, le Djidji Ayôkwé a été déposé dans le jardin du gouverneur où il a été abîmé par les intempéries. Le bois de la zone inférieure de l’œuvre, également mangée par les insectes xylophages, était la partie la plus importante à restaurer.
Les chefs Bidjan ont insisté pour qu’aucune modification picturale ne soit introduite. Ainsi, après deux ans de restauration, sa restitution prochaine est attendue par le gouvernement ivoirien.
En Côte d’Ivoire, un comité national de restitution a vu le jour afin de donner un cadre juridique, scientifique mais aussi pédagogique à ce retour. Un partenariat entre le musée des civilisations et celui du quai Branly a déjà été établi pour permettre une continuité dans la conservation du bien.