« Dakar, 25 sept (APS) – Les activités de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme ont révélé un gap de trois milliards de dollars pour des besoins de financement évalués à 18,5 milliards, a-t-on appris mercredi d’un comité de suivi, de veille et d’alerte (CAVA) de cette campagne menée dans six pays dont le Sénégal.
“Les activités de reconstitution du Fonds mondial pour le cycle actuel ont tablé sur un montant de 18 milliards de dollars. Au final, nous avons reçu les dernières informations qui attestent que 15,7 milliards de dollars ont été mobilisés”, a expliqué Babacar Thiam, spécialiste en financement de la santé.
Il présentait, au nom de ce comité de suivi, de veille et d’alerte, les résultats de cette campagne dénommée ”Meettotarget 2.0”, au cours d’une rencontre avec les journalistes, à Dakar.
M. Thiam a rappelé que le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme est un partenariat international consistant à mobiliser et investir plus de cinq milliards de dollars US par an pour lutter contre des maladies infectieuses meurtrières et “l’injustice qui les alimente”, en vue de “renforcer les systèmes de santé et la préparation aux pandémies dans plus de 100 pays parmi les plus durement touchés”.
Pour cet expert membre de la société civile, ”la mobilisation des ressources financières est une question cruciale au niveau du pays, parce que le Sénégal est un pays qui est majoritairement dépendant du financement des donateurs de l’extérieur”.
L’État fait selon lui “de plus en plus d’efforts” dans ce domaine, lesquels sont “matérialisés par la construction de nouveaux hôpitaux, de nouvelles infrastructures, entre autres”.
Mais il reste le “défi” d’une “couverture plus large en termes d’infrastructures sur l’ensemble du territoire” national.
Ce qui a motivé le lancement de cette campagne de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, en vue de “voir comment davantage déployer les efforts de mobilisation des ressources au niveau des pays ciblés comme le Sénégal”.
La Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina, le Cameroun et la République démocratique du Congo sont les autres pays dans lesquels cette campagne a été déroulée.
Elle est déroulée “dans un contexte assez particulier, parce qu’au même moment”, la Banque mondiale et l’Alliance pour le renforcement de la vaccination en Afrique (Gavi) vont faire “le même travail de reconstitution de leurs fonds”, a expliqué Babacar Thiam.
“C’est ce qu’on appelle un +embouteillage+, en termes de mobilisation et de sollicitation des différents donateurs. Parce qu’il y a des donateurs pour le Fonds mondial, il y a des donateurs pour la Banque mondiale, des donateurs également pour Gavi. Donc c’est une situation assez difficile”, a-t-il indiqué.
Le Sénégal, en ce qui le concerne, s’organise à travers un comité de suivi pour essayer de développer des activités devant amener les décideurs locaux “à mieux comprendre l’enjeu du financement de la santé”, a-t-il dit.
“Nous sommes dans un contexte particulier, notamment dans le domaine politique où il n’y a pas assez d’institutions qui sont là. L’Assemblée [nationale] est dissoute, le Haut conseil [des collectivités territoriales] est dissous, ainsi que le Conseil économique, social et environnemental”, ce qui se traduit selon lui par “l’absence d’interlocuteurs”.
“Il faut attendre que tout s’organise pour le faire. Mais n’empêche, parallèlement, il y aura d’autres actions qui doivent être menées, soit en direction de la presse, soit en direction de la société civile et du secteur privé”, a-t-il annoncé.