Johannesburg, 17/11/2022 -(MAP)- L’Afrique du Sud ne compte pas abandonner le charbon comme source de production de l’énergie, car une transition rapide conduirait à une «calamité» pour le pays, a indiqué jeudi le ministre des Ressources minérales et de l’énergie, Gwede Mantashe.
«Si la compagnie d’électricité publique Eskom cède à la pression en abandonnant rapidement le charbon, le pays tout entier sera plongé dans l’obscurité», a déclaré M. Mantashe à l’Assemblée nationale en répondant à une question sur les mesures mises en place pour remédier à la crise de l’électricité qui secoue le pays depuis plus d’une décennie.
Il a souligné ainsi que le gouvernement veille à ce que les unités de production d’électricité à base de charbon, appartenant à la société publique Eskom, soient entretenues afin d’éviter l’effondrement de la production d’énergie dans le pays.
Par ailleurs, le ministre a noté qu’«une insistance imprudente à abandonner rapidement le charbon serait synonyme de chômage pour beaucoup de citoyens», notant que ce minerai disponible avec abondance dans le pays «n’est pas qu’une question de chiffres, mais d’êtres humains».
De même, il a averti qu’une plus grande capacité d’énergie renouvelable n’était pas une solution miracle pour arrêter les coupures de courant qui se sont aggravés durant cette année. «C’est une hypothèse trompeuse, car il faudrait entre un et deux ans pour que ces centrales augmentent la capacité du réseau», a-t-il dit.
Mardi dernier, le Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) a révélé que les délestages électriques imposés par Eskom ont atteint un niveau record en 2022, avec 5.761 gigawattheures coupés du réseau jusqu’en septembre, contre 2.521 gigawattheures l’année dernière.
En juillet, la compagnie en détresse avait annoncé qu’une quarantaine d’unités de production d’électricité étaient tombées en panne, ce qui a nécessité d’imposer des coupures de courant drastiques pour protéger le système.
Cette situation a affecté tous les secteurs d’activité dans le pays, le produit intérieur brut de l’Afrique du Sud s’étant contracté de 0,7% au deuxième trimestre de cette année, selon l’Agence sud-africaine des statistiques.
Depuis plus d’une décennie, l’Afrique du Sud peine à alimenter son réseau électrique avec suffisamment d’électricité pour la consommation des ménages et des entreprises. Et pour cause, des centrales électriques vieillissantes suite à un manque d’entretien et d’investissements dans ses infrastructures.
Par ailleurs, la compagnie d’électricité publique, qui fournit 95 % de l’électricité consommée en Afrique du Sud, croule sous le poids d’une dette estimée à 26 milliards de dollars.