Kinshasa, 10 mai 2024 (ACP).- La création d’une Agence nationale d’identification et de préparation des projets majeurs (ANP), pour la mobilisation des ressources extérieures en vue de booster le développement de la République démocratique du Congo, a été préconisée par un expert en gestion des projets, Paul Lohalo Onyemba.
Dans un entretien vendredi avec l’ACP, cet ancien administrateur des sociétés et secrétaire général de l’Union pour le renouveau républicain (URR – Union sacrée) conseille au gouvernement de Mme Judith Suminwa Tuluka de s’inspirer des modèles qui ont réussi ailleurs, notamment en Chine.
Question 1 : Qu’en est-il de l’apport des ressources extérieures dans le développement de la RDC ?
Paul Lohalo : « C’est depuis belle lurette que notre pays traîne la mauvaise réputation de se montrer peu capable d’absorber les lignes de crédit qui lui sont ouvertes par des partenaires au développement, faute de projets bancables.
La faiblesse, voire l’absence de ces derniers, handicape la RDC dans la mobilisation des ressources d’origine extérieure. Partant de cette évidence, aurait-on tort, de penser que l’essor de la République démocratique du Congo sera plombé par la maladie chronique du pays qui est son incapacité à identifier, préparer, ficeler et négocier des projets bancables et adaptés à la vision de modernité, de grandeur et de puissance incarnée par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ? »
Question 2 : Comment s’appliquent les pays d’ailleurs pour résoudre ce problème lié à la mobilisation des ressources extérieures ?
Paul Lohalo : « En Chine, pays qui a basculé du statut de pays en voie de développement à celui de la deuxième économie du monde en un temps record, ce sont cent-vingt projets majeurs qui avaient été identifiés et préparés pour concrétiser le programme de développement qui a mis l’Empire du Milieu irrémédiablement sur le rail de la modernité et de la puissance économique. Ce programme est connu sous l’appellation de « Les Quatre Modernisations ». Il couvrait quatre secteurs, à savoir, l’agriculture, l’industrie, la science et la technologie et la défense nationale.
Le barrage de Trois-Gorges, le plus puissant ouvrage hydraulique dans le monde, faisait partie du lot de ces projets importants qui ont modifié le cours de l’économie chinoise. Ces projets ont attiré également des capitaux étrangers. Du point de vue de la Science et de la technologie, la Chine produit aujourd’hui pas moins d’un million d’ingénieurs par an. L’inde produit presqu’autant. Un autre exemple est celui de l’Union Européenne. Pour réaliser le réseau de transport transeuropéen, la Commission européenne avait identifié et dressé une liste indicative de vingt-six grands projets.
Voilà qui constitue une réponse appropriée à la vision de modernité et de puissance des leaders de la Chine, de l’Inde et de l’Union Européenne ».
Question 3 : Que peut faire la RDC où il existe tout de même de nombreux projets à travers les PME-PMI ?
Paul Lohalo : « Notre pays devrait vite combler son déficit chronique en termes des projets majeurs et bancables pouvant le propulser effectivement vers la modernité et la puissance. Il faut que soit accompli l’effort d’identification, et de préparation des projets susceptibles de le basculer du statut de pays en voie de développement à celui de pays à revenu intermédiaire et par la suite, de pays émergent.
Je note que les PMI-PME jouent un rôle important dans l’économie nationale ; mais, elles ne doivent pas être une alternative aux grandes entreprises. Elles en sont le complément indispensable.
Ce travail d’identification et d’évaluation des projets requiert la mise en place d’une structure formelle constituée d’un groupe d’experts (ingénieurs, économistes, juristes, sociologues, informaticiens…) nationaux et étrangers, rompus aux techniques des projets, qui peuvent s’atteler à ficeler les projets majeurs de la République.
Cette structure de travail spécialisée pourrait être dénommée, par exemple, « Agence nationale de préparation des projets» (ANP).
Avec des projets concrets entre les mains, rationnellement ficelés, la recherche des financements et le pistage des investisseurs dans leurs pays respectifs par les pouvoirs publics deviennent plus aisés. Ainsi, pourront bouillonner en RDC des projets publics susceptibles de lui permettre irréfutablement de basculer de pays en voie de développement en pays émergent dans un horizon temporel moins lointain ».