Libreville, 04 Novembre (AGP) – Le premier président de la Cour gabonaise des comptes, Gilbert Ngoulakia, a jeté un pavé dans la marre. La rentrée judiciaire du 07 octobre dernier a été l’occasion choisie par cette institution pour faire le point de ses activités. Cette vérification concerne 1 500 milliards francs CFA aux titres des débets de 1979 à environ 2012.
Ce rapport consacre, selon les juges financiers, la situation d’un long processus d’enquête, de contrôle et de vérification des écritures comptables. Ce travail remarquable des juges a eu le mérite de dévoiler au grand jour des défaillances graves dans la gestion des administrateurs de crédit, des politiques de tous bords, des départements ministériels ainsi que des entreprises adjudicataires des marchés. Tout est prêt pour que chacun réponde de ses actes. La listes des concernés est disponible, c’est donc une question de jours où d’heures, si la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) fait bien son travail.
Ces révélations du premier président de la Cour des comptes traduisent un ras-le-bol sur la distraction des fonds publics. La Cour, dont les missions sont d’ordres juridictionnels, administratifs et consultatifs, ne pouvait rester indéfiniment silencieuse face à ce qui est qualifié de comportement anti patriotique.
Le montant de 1 500 milliards de francs CFA n’est pas sorti ex nihilo. C’est sur la base de trois éléments de son sacro-saint que les juges financiers ont agi. D’abord à travers le jugement de la gestion des fonds (extraction illégale des fonds publics), en d’autres termes défaut de service faits, qui conduit directement aux éléphants blancs, que nul ne peut dire n’avoir jamais vu dans le pays. Le principe, selon les experts, consistera à s’assurer de ce que le projet existant sur papier correspond au service fait. Les fêtes tournantes de 2005 sont logées dans ce lot de jeu d’écriture comptable. Alors au terme de cet exercice, si tout est correct, il n’y aura aucune pénalité. Mais si au contraire vous êtes débités, un débet et une amande vous seront collés.
Ensuite, les magistrats financiers se sont intéressés aux jugements des comptes des comptables publics, dans le cadre de l’exécution des budgets. Et cette fois, l’exercice permet de déceler les défauts des pièces justificatives. Une fois de plus, le même principe s’applique : Débet plus amande en cas de non respect.
Enfin, le jugement de la faute de gestion (violation du code des marchés publics). C’est-à-dire que si le Code prévoit qu’un marché de plus de deux milliards de F CFA doit faire l’objet d’un appel d’offre, on le passe en entente directe. On parle de violation du code des marchés. Un autre cas concerne les entreprises qui ne respectent pas les délais contractuels.
En définitive, lorsque le premier président parle de ces milliards, il exclut les années 2013, 2014 et 2015 qui sont toutes aussi riches en malversations. Le chiffre de 2 000 milliards sera largement dépassé. Ce rapport, que le ministère de l’Enrichissement illicite attend, a déjà été remis au Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé. Donc les choses se précisent et ce n’est qu’une question de temps.
AGP/FO/FSS