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Côte d’Ivoire : le Président sortant Alassane Ouattara réélu avec 94,27% des voix au premier tour

Kinshasa, 03 nov. 2020 (ACP).- Le Président sortant Alassane Ouattara a été élu au premier tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire avec 94,27% des voix, ont annoncé mardi les médias locaux, citant la Commission électorale indépendante (CEI).

Les résultats globaux provisoires ont été proclamés par le président de la CEI, Ibrahim Coulibaly-Kuibiert, indiquent les mêmes sources.

Le Président sortant Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a obtenu 3.031.483 voix sur 3.215.909 suffrages exprimés, soit 94,27%, et a donc été déclaré élu président de la République dès le premier tour samedi.

Au total 7.495.082 électeurs ont été appelés aux urnes dans 22.381 bureaux de vote sur le territoire national et 246 à l’étranger. Le nombre de lieux de vote était de 10.815 dont 10.759 sur le territoire national et 56 à l’étranger.

Cependant, 17.601 bureaux de vote ont pu ouvrir, selon le président de la CEI, qui représente une population électorale estimée à 6.066.441.

Le scrutin a été émaillé d’incidents à Abidjan et dans plusieurs régions du pays suite à l’appel à la désobéissance civile et au boycott des urnes lancé par les candidats de l’opposition Henri Konan Bédié (PDCI) et Pascal Affi N’guessan (FPI).

Les suffrages de MM. Bédié et Affi ont été comptabilisés bien qu’eux-mêmes n’aient pas voté. Selon la CEI, ils ont respectivement obtenu 53.330 voix (1,66%) et 31.986 (0,99%).

Le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin qui a fait campagne avec Alassane Ouattara a obtenu 64.011 voix soit 1,99%. Les résultats globaux provisoires doivent être confirmés par le Conseil constitutionnel.

Alassane Ouattara a été élu pour la première fois en 2010 et réélu en 2015, rappellent ces sources.

Annonce de la création d’un Conseil national de transition

Par ailleurs, l’opposition ivoirienne avait annoncé, lundi, alors que tout le pays attendait la publication des résultats de la présidentielle, la création d’un Conseil national de transition, affirmée par le candidat du FPI Pascal Affi N’Guessan, au nom de cette opposition. Ce conseil sera présidé par Henri Konan Bédié, ont indiqué les mêmes sources.

Cette annonce a été faite à l’issue d’une réunion de plus d’une heure entre les différents partis de l’opposition. Pascal Affi N’Guessan, a d’abord rappelé que les opposants ne reconnaissaient plus Alassane Ouattara comme président de la République et que son maintien au pouvoir est susceptible « de provoquer une guerre civile ».

L’opposition ivoirienne prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition dans les prochaines heures. Il se fixe pour mission « de préparer un cadre pour l’organisation d’une élection présidentielle transparente et inclusive », a expliqué Pascal Affi N’Guessan, ainsi que la mise en œuvre « d’assises nationales pour la réconciliation nationale en vue du retour à une paix en Côte d’Ivoire. »

Les opposants restent donc dans une dynamique de bras-de-fer avec le pouvoir puisqu’ils maintiennent aussi leur mot d’ordre de désobéissance civile.

Le parti au pouvoir a réagi, par la voix de son directeur exécutif. Adama Bictogo estime qu’il s’agit d’une démarche « inacceptable » et il demande au gouvernement de faire preuve de fermeté. « Nous considérons que c’est une défiance des autorités et que cela est inacceptable. Nous en appelons donc à la fermeté du gouvernement mais surtout à l’application de la loi vis-à-vis de l’opposition. » Selon Adama Bictogo, l’opposition veut « entraîner le pays dans une crise et un chaos artificiels. » La transition annoncée par l’opposition «inacceptable» pour le RHDP.

L’opposition et le pouvoir appelés à dialoguer

Devant les équipes d’observateurs, le chef de la mission de la Cédéao, Hadjibou Soumaré a regretté les incidents qui ont émaillé le scrutin, « une entrave à la démocratie », dit-il. Il conclut sa déclaration par une adresse aux institutions ivoiriennes, en s’inquiétant de « la continuité de l’Etat » en Côte d’Ivoire.

« La mission exhorte toutes les institutions impliquées dans le processus électoral à prendre note des défis associés au scrutin et les invite à prendre les mesures appropriées pour répondre à toutes les préoccupations en vue d’assurer une continuité de l’Etat dans la sérénité et le dialogue. »

Le chef de la mission de l’Union Africaine, Mohamed Dileita, a été moins mitigé au sujet de cette élection qu’il qualifie de « globalement satisfaisante ». « Les votes observés se sont déroulés dans une atmosphère calme, sereine, dans 98,5% des cas. »

Boubèye Maïga, le chef de la mission de la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad), indique que le scrutin a respecté le code électoral, mais appelle lui aussi au dialogue. « Tous les acteurs souhaitent le dialogue, le président Ouattara que nous avons rencontré s’inscrit dans la même perspective. D’autant plus que le pays s’inscrit dans un cycle électoral qui va s’étendre sur plusieurs mois. »

Peu avant le scrutin, Alassane Ouatarra avait indiqué lors d’un meeting qu’il souhaitait organiser des élections législatives avant la fin de l’année.

L’UE prend note des résultats mais fait part de ses vives préoccupations
Dans son communiqué publié mardi, Josep Borrell, le vice-président de la Commission européenne, estime que «l’absence de consensus sur le cadre électoral a fracturé le pays. L’UE relève les très fortes disparités du taux de participation dans les différentes régions du pays, comme l’ont souligné plusieurs missions d’observations électorales présentes sur place.
L’UE exprime sa vive préoccupation concernant les tensions, les provocations et les incitations à la haine qui ont prévalu et continuent de subsister dans le pays autour de ce scrutin.
Les violences qui ont causé la mort de plusieurs personnes et en ont blessé de nombreuses doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes afin que justice soit rendue dans les meilleurs délais. L’UE attend de l’ensemble des parties prenantes qu’elles prennent l’initiative en faveur d’un apaisement du climat et d’une reprise du dialogue.»