Dakar, 19 déc (APS) – La « galère » de l’Agence de presse sénégalaise (APS) a commencé avec la suppression sous l’impulsion de la Banque mondiale du « petit centre », un département qui gérait un budget commun à tous les établissements publics du Sénégal, a indiqué l’ancien chargé des revendications du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication sociale (SYNPICS) le journaliste Babacar Ndiaye.
« A l’époque, le gouvernement du Sénégal avait ce qu’on appelait le petit centre qui regroupait tous les établissements publics du Sénégal : les nantis, les moins nantis et les pauvres », se souvient Babacar Ndiaye.
Tous ces établissements fonctionnaient sur la base d’un budget commun géré par « le petit centre », raconte le journaliste, recruté à l’APS en 1973.
L’APS n’avait « pas de problème » à l’époque puisqu’elle pouvait assurer son fonctionnement grâce à ce budget mutualisé. Tous les bureaux régionaux étaient dotés d’un véhicule à chaque élection.
Avec l’avènement de la réforme, sous le joug de la Banque mondiale, il y a eu une restriction des dépenses, et ce dispositif devait disparaître.
Il a été décidé que désormais, « chaque établissement public devait fonctionner avec ses propres moyens ».
L’APS, en tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial, devait vivre de ses fonds, tirés de subventions qui ne bouclaient pas l’année budgétaire, et de la vente de dépêches, pas très rentable.
« Donc, la galère a commencé » à partir de 1982-83 pour l’APS qui, jusque-là, « vivait aux crochets des autres établissements publics qui étaient plus nantis ».
« Malheureusement, les autorités de l’époque n’avaient pas compris l’importance d’une agence nationale de presse ». Ce qui fait que les difficultés continuaient, la situation évoluant en dents de scie.
« Des fois, on restait deux à trois mois sans salaire, parce qu’il n’y avait pas de budget de fonctionnement », poursuit-il, soulignant que les retards de salaires à l’APS ne datent « pas d’aujourd’hui ».
Déjà à l’époque, les agenciers se battaient contre cette situation où « il fallait pomper à gauche et à droite, courir pour aller voir le ministre des finances ». L’agence recevait de « petites subventions ».
Au bureau de Tambacounda dont il était alors le chef, Babacar Ndiaye avait vu sa dotation en carburant de 350 litres par mois « baisser jusqu’à disparaître ». Certains bureaux régionaux n’avaient plus de véhicule. « Ça a entraîné beaucoup de difficultés ».
Pour ne rien arranger, les sociétés et institutions de la place, abonnées au fil de l’APS – et parmi lesquelles « il y avait de bons et mauvais payeurs », comme notamment l’Assemblée nationale et la Loterie nationale -, avaient finalement refusé de payer.
Cela avait coïncidé avec l’arrivée de la presse privée, un concurrent qui proposait des informations moins chères. La misère de l’agence s’accentuait. « Ça continue jusqu’à présent ».
A l’époque, « toutes les informations qui venaient de l’extérieur devaient transiter par l’APS, avant d’être dispatchées », note-t-il, rappelant que l’APS détenait « le monopole de l’information ».