Kinshasa, 18 février 2022 (ACP) – L’exploitation de l’énergie hydroélectrique d’Inga 3 serait coûteuse pour l’Afrique du Sud, a déclaré jeudi soir à Kinshasa Mme Siziwe Mota, directrice Afrique à International Rivers, une ONG international, à la présentation du rapport sur l’étude des coûts socio-économiques du barrage Inga 3 pour l’Afrique du Sud.
L’étude montre que le coût d’importation de l’énergie d’Inga serait trois fois supérieur au coût actuel de la production de l’électricité en Afrique du Sud, et coûterait à ce pays plus de 10 milliards de Rands par an par rapport aux alternatives facilement disponibles. Cette charge supplémentaire, a dit Mme Siziwe, pèserait probablement sur les épaules des Sud-Africains ordinaires, en particulier des femmes, en raison de l’augmentation des tarifs et des subventionnés des contribuables à Eskom.
Elle soulève également des doutes considérables quant aux probables projets de l’Afrique du Sud d’importer de l’électricité d’Inga. Le gouvernement sud-africain, a-t-elle précisé, n’a pas fait preuve de la diligence requise, notamment en réalisant des études de faisabilité et d’impacts socio-économiques. Ce rapport met en plus en garde l’Afrique du Sud contre l’insécurité énergétique dans l’avenir au cas où les autorités n’agissent pas rapidement pour identifier et investir dans des solutions énergétiques réalistes et rentables.
Inga 3 pas aussi profitable en RDC
Pour Emmanuel Musuyu de la Coalition des Organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), la RDC est appelée à investir dans des énergies propres, durables dont l’abondant potentiel solaire et hydroélectrique à petite échelle qu’elle dispose sur place. Il a, cependant, relevé que la construction du barrage Inga 3 serait un fardeau sur le gouvernement à cause de ses engagements vis-à-vis de la population locale délocalisée sur le site Inga 1 et 2 avant d’y ajouter celle de Inga 3.
Emmanuel Musuyu a ajouté qu’Inga 3 ne contribuerait en rien à réduire la pauvreté énergétique, car celle-ci serait exportée ou utilisée par l’industrie, et non pour fournir l’électricité dont les citoyens congolais ont tant besoin.
Selon Mme Salome Elolo de Femme solidaire (FESO), le réservoir d’Inga 3 menace également de déplacer 40.000 personnes, dont la majorité des personnes perdrait des terres qui sont des moyens de subsistance, soulignant que ce projet aurait plus d’impacts négatifs que d’impacts positifs. Pour rappel, cette étude a été menée par des experts financiers de la société britannique TMP Systems. Elle fournit la première comptabilité officielle des coûts réels pour l’Afrique du Sud de l’importation de l’énergie du projet de barrage hydroélectrique Inga 3 en RDC.