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JONONE À DAKAR, ENJEUX POUR LE STREET ART


  19 Octobre      55        Arts & Cultures (3089),

 

Dakar, 19 oct (APS) – L’annonce de l’exposition solo à Dakar du graffeur JonOne, l’un des artistes les plus cotés dans le domaine du street art, offre l’opportunité de revenir sur une discipline artistique qui a certes pignon sur rue au Sénégal depuis la fin des années 1980, par le biais notamment de la peinture murale, mais peine à trouver véritablement sa voie dans la densité des pratiques relevant des cultures urbaines.

JonOne, de son vrai nom John Andrew Perello, est l’un des artistes visuels les plus cotés en Europe. Il est attendu en novembre dans la capitale sénégalaise, pour une exposition solo organisée par la galerie ArtTime.

Installé à Paris vers la fin des années 1980, ce natif de Harlem (New York), d’origine dominicaine, vit depuis 2017 à Roubaix, une commune située dans le département du Nord, en France.

Il crée en 1984 un collectif de graffeurs que la passion amène à peindre des trains la nuit, pour oublier leurs problèmes, notamment de drogue.

‘’Je n’ai reçu aucune éducation artistique. Quand je taguais les trains à New York, je ne pouvais pas imaginer qu’un jour je m’exprimerais sur la toile. Ce qui m’a vraiment amené au tag a été de voir les autres peindre des graffitis dans toute la ville. L’école à laquelle j’allais était très stricte. Et tellement ennuyeuse ! Je me souviens qu’à l’époque, ceux de la rue avaient la liberté », explique-t-il dans des médias.

De la même manière, l’action sur les murs, par des jeunes de Dakar, devient synonyme de « transformation d’une situation aléatoire d’un moi vulnérable pour essayer d’atteindre une quiétude qui permette de faire face et de s’en sortir », analyse l’historien sénégalais Ndiouga Benga.

Dans un article intitulé « Les murs-murs sur nos murs. Quête de citoyenneté et culture urbaine à Dakar (1990-2000) », l’historien sénégalais suggère, à travers cet art, « une créativité et une construction identitaire des jeunes à partir de leur socialisation marginalisée, des influences réciproques entre les marges et le centre et de la pluralité des logiques d’action ».

« La peinture murale témoigne d’une inscription urbaine innovante et propre à un groupe qui cherche à y affirmer des éléments de distinction sociale et culturelle », ajoute-t-il dans cet article publié dans l’ouvrage collectif « Les arts de la citoyenneté au Sénégal. Espaces contestés et civilités urbaines ».

Ce travail collectif, sous la direction Mamadou Diouf et Rosalind Fredericks, a été publié par les éditions Khartala en 2013.

Selon l’historien, la peinture murale se veut également « une forme d’art public qui participe à la démocratie culturelle, au sens où elle réhabilite les expressions culturelles injustement dévalorisées ou méconnues, les cultures populaires, c’est-à-dire ordinaires et non ordinaires ou marginales ».

« Comme les peintures murales mexicaines, comme le graffiti art de Paris, Rio, Lyon, New York, Chicago, Los Angeles ou Montréal, pour ne nommer que les principales villes reconnues pour leurs peintures murales, les murs de Dakar ont servi, eux aussi, à embellir, à médiatiser et surtout à faire coexister, librement ou de force, la vie de l’art et la vie de l’art dans la cité. »

« Peindre sur un mur, le décorer de scènes de vie, présentes ou passées, c’est résister et créer, devenir acteur de sa propre vie et producteur de la cité », écrit Benga, ajoutant que la peinture murale « est un média qui humanise et embellit en créant du symbolique et du non-lieu dans le lieu ».

Selon l’historien, par cette manière d’occuper la ville en la parsemant d’empreintes, il s’agit « non seulement de manifester son existence aux yeux de tous et sa volonté de s’inscrire dans un espace social donné, à une place qui lui est propre, mais repenser la politique à partir de la communauté ».

« Il s’agit non seulement d’être présent dans la ville en termes de droits, mais d’y tenir sa place en termes de reconnaissance et de représentation », indique l’auteur.

Il reste que le graffiti peut être amené à chercher sa voie, à mesure que se complexifie son lien avec le hip-hop, amenant certains à considérer que les deux domaines ne relèvent pas de la même chose.

Le défi à relever, c’est d’amener le street art en général à sortir des rues et de son confort pour de nouvelles conquêtes, à l’image de JonOne dont les œuvres se vendent désormais à plusieurs dizaines de milliers d’euros, sans compter sa collaboration, en 2016, avec la Maison Guerlain dont il repeint les flacons de parfum dans un style abstrait et coloré.

Au Sénégal, il a certes Docta – de son vrai nom Amadou Lamine Ngom, considéré comme le père du graffiti sénégalais – pour imprimer cette perspective, mais les jeunes talents, qui sont légion, ne doivent pas être en reste.

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