Dakar, 10 oct (APS) – Le professeur Pierre Sané, président de ‘’Image
Africa Institute’’, a évoqué jeudi des erreurs d’interprétation des
évènements liés à des actes de xénophobie en Afrique du Sud.
’’Dans le cas de la xénophobie, je dois soulever trois erreurs
d’interprétations dans les débats qui ont suivi les événements en
Afrique du Sud et les réactions tant au niveau africain
qu’international’’, a-t-il dit, lors d’un panel sur la xénophobie en
Afrique du Sud.
Pr Pierre a évoqué d’une part, le fait de confondre Mandela et son
peuple qui n’a aucune obligation vis-à-vis des autres africains, car
connaissant la misère comme eux.
’’Il faut aussi savoir que tous les noirs en Afrique du Sud n’étaient
pas impliqués dans la lutte contre l’apartheid. Leur demander un
retour de solidarité alors qu’eux-mêmes n’étaient pas dans le combat,
c’est un peu trop’’, a-t-il expliqué.
La troisième erreur se situe sur le fait de penser la solidarité comme
étant une obligation morale, alors qu’elle demeure juste un acte de
compassion, n’exigeant rien en retour, a-t-il signifié.
’’Nous constatons un échec de l’Etat Sud-africain en matière de lutte
contre la xénophobie et le manque de priorité accordé aux instruments
internationaux face à la politique publique’’, a indiqué le Pr Sané,
indiquant qu’aucun pays n’était à l’abri de montées xénophobes.
’’Il nous faut une compréhension différente de l’Afrique. Le nouveau
panafricanisme doit avoir une vision universelle, sachant qu’on peut
se joindre à ce combat, même si l’on n’est pas un enfant du
continent’’, a-t-il fait valoir.
S’agissant du niveau national, il a appelé à travailler à
l’intégration de tous les africains dans tous les pays d’Afrique où
ils résident.
’’Ce sont les universitaires qui sont parfois responsables de certains
actes qui se posent dans nos pays. Quand la question de la xénophobie
se pose, on oublie souvent tous les combats qui ont été faits
antérieurement’’, a quant à elle, déploré, Fatou Sow Sarr, sociologue
et directrice générale de l’institut du genre et de la famille.
Pour elle, le rôle des intellectuels reste éminent dans ce qui
pourrait arriver en Afrique dans les années à venir. Elle a insisté
sur l’importance de la responsabilité des acteurs politiques face à la
recrudescence de la xénophobie.
Pour le président de l’institut panafricain de stratégies (IPS),
Cheikh Tidiane Gadio, l’idéal serait d’organiser un sommet africain
qui prendrait en compte toutes les questions liées au racisme et à la
xénophobie, en vue d’une bonne prévention.
’’Le problème fondamental de l’Afrique se trouve au niveau des leaders
qui ne prennent pas les choses en main’’, a-t-il avancé.
Il a, de ce fait noté, que le débat sur la xénophobie devrait être
maitrisé, car les africains deviennent parfois victimes des choses
initiées par eux-mêmes.
’’Il nous faut poser la question de savoir comment sortir de cette
impasse pour en tirer les meilleurs des profits’’, a-t-il ajouté.