.-Par Abdelghani AOUIFIA-.
Johannesburg, 20/05/2019 (MAP)- Près de 7 millions d’électeurs malawites se rendent, mardi, aux urnes pour élire un nouveau président, un nouveau parlement et de nouveaux conseillers des gouvernements locaux, dans un scrutin d’une grande importance pour ce pays d’Afrique australe qui fait face à d’énormes défis économiques et politiques.
Le scrutin, qui marque le 25è anniversaire de l’avènement du pluralisme dans ce pays d’environ 18 millions d’âmes, intervient dans une conjoncture difficile pour ce pays, considéré parmi les moins avancés du continent.
Dans la course pour le fauteuil présidentiel, le président sortant Peter Mutharika (78 ans) doit en découdre avec une forte opposition notamment de la part de son vice-président Saulos Chilima. Ce dernier avait quitté le Parti progressiste-démocrate (DPP, au pouvoir) pour former un nouveau parti, The United Transformation Movement (UTM).
Le scrutin représente un test sérieux pour le président Mutharika, qui tentera d’obtenir un second mandat à la tête du pays, en dépit des accusations qui pèsent sur lui.
Le contexte économique est pour le moins difficile. Le pays dépend fortement de l’aide étrangère, une situation qui s’est aggravée suite aux sécheresses récurrentes de la dernière décennie.
Selon la Banque mondiale, l’économie du Malawi repose essentiellement sur l’agriculture, qui représente près de 30 pc du Produit intérieur brut et plus de 80 pc des recettes d’exportation.
Pas moins de 85 pc de la population réside en milieu rural dans ce pays où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté et seulement 11 pc ont accès à l’électricité.
Sur le plan politique, le pays se bat pour renforcer le multipartisme depuis la fin du régime de parti unique en 1994.
En dépit des accusations de corruption, le président sortant se targue de nombreuses réalisations dont une amélioration notable des infrastructures et la réduction de l’inflation.
S’exprimant lors de son dernier rassemblement électoral, samedi à Blantyre, capitale économique du pays, Mutharika a rappelé ces progrès, estimant que son gouvernement «a placé le Malawi sur la voie du progrès».
Il a promis de faire des questions de développement et du renforcement des compétences les premières priorités durant le prochain mandat présidentiel de cinq ans.
La tâche ne sera pas aisée face à ses principaux challengers, en l’occurrence Chilima et Lazarus Chakwera, qui dirige le parti du congrès malawite, deuxième plus grande formation au parlement sortant.
Chilima (46 ans) a axé sa campagne électorale sur les accusations de corruption contre le président sortant. Il s’est engagé à accorder une amnistie aux responsables accusés de détournement de fonds, dans le cadre d’un grand scandale de corruption dévoilé en 2013 poussant plusieurs donateurs à suspendre leurs aides au Malawi.
Chilimi a ciblé les jeunes électeurs avec une utilisation à outrance des médias sociaux lors de la campagne électorale. Dans le cadre de son package économique, il a promis de mettre en place un fonds pour les jeunes entrepreneurs.
En l’absence de sondages fiables, les analystes s’attendent à une course serrée entre Mutharika et ses deux principaux challengers.
