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« YAAMATELE’’, LE NOUVEL ALBUM DE DAARA J FAMILY QUI INTERROGE LE MONDE


  29 Janvier      28        Arts & Cultures (1938), Music (355),

   

Dakar, 29 jan (APS) – Le groupe de rap sénégalais Daara J Family vient
de sortir « Yaamalele », un nouvel album militant, anticapitaliste et
pro-écologie dont les messages sur la déshumanisation du monde
interroge sur l’avenir de la planète pour mieux amener tout le monde à
faire face à ses responsabilités, les puissants notamment interpellés
sur leur gouvernance.

« Yaamatele, c’est un personnage comique d’un dessin animé des années
1980, Onze pour une coupe : un robot, avec une grosse télé à la place
du ventre. Depuis, dans le jargon de rues, au Sénégal, on utilise son
nom pour désigner les personnes droguées à leurs écrans – télés,
ordinateurs, téléphones portables. Notre titre-parabole dénonce cette
addiction », explique Ndongo D, un des deux rappeurs de ce groupe, dans
un entretien publié sur le site rfimusique.

« Aujourd’hui, tout est tellement digitalisé qu’on en perd notre
humanité. Parfois, dans une maison, un membre de la famille regarde la
télé dans la chambre, l’autre dans le salon…Et pour communiquer, ils
s’envoient des SMS ! Les gens passent tant de temps agglutinés à leurs
écrans, qu’ils en oublient de vivre ! », ajoute Faada Freddy, qui
pointe le risque de « devenir insensible à tout ! » .

Ndongo D renchérit : « Même les grands-pères, dans les villages les
plus reculés, possèdent ces outils numériques. Désormais, ce ne sont
plus les politiciens qui gouvernent le monde, mais Facebook ou
WhatsApp. D’ailleurs, les réseaux sociaux s’imposent comme des armes
politiques puissantes, dont se sont servi Trump ou Bolsonaro pour
arriver au pouvoir ».

Le propos n’est pas de « demander aux jeunes d’abandonner leurs
smartphones, mais d’adopter un recul critique face aux contenus »,
selon Ndongo D.

« Auparavant, tout le monde se réunissait autour de lui et de l’odeur
d’un thé brûlant, pour s’offrir des moments de discussion, des temps
d’échange et de partage, reprend Faada Freddy, un brin nostalgique.
Sur la pochette, dans des lueurs crépusculaires, on voit désormais ces
gens obnubilés par leurs écrans. Sur les branches de l’arbre, pendent
des smartphones, tels des parasites ! En Afrique, on est même en train
de perdre notre culture de l’oralité. Avant, un griot entraînait sa
mémoire à garder l’art de la parole… Aujourd’hui, il cherche ses
références sur Internet ».

De même, le duo se dit préoccupé « profondément (…) » par l’avenir de la
planète, comme le souligne Ndongo D. « Déjà, en 2012, on avait sorti ce
titre, Niit (qui signifie « observer de près avec une torche ») et nous
avions tourné le clip dans la plus grosse décharge de Dakar ».

« Au Sénégal, observe-t-il, il commence à y avoir une fragile prise de
conscience. Quelques hommes politiques – un ou deux sur dix –, dont le
ministre de l’Hygiène Publique, tâtonnent pour trouver des solutions
écologiques », en plus d’autres initiatives, « des mouvements comme
Sénégal Ney Set (« Que le Sénégal soit propre ») avec lequel nous
collaborons ».

« Au fil de nos voyages, nous croisons des gens qui partagent les mêmes
angoisses, sur la déforestation et la pollution. Ainsi, j’ai pu
échanger avec le Brésilien Almir Surui, le chef de la tribu Paiter
Surui, en Amazonie. Les autochtones sont menacés de mort parce qu’ils
protègent la forêt ; ils sont bousculés par les gros industriels qui
veulent les faire disparaître. En Afrique, je citerais l’exemple de
Kigali, qui interdit le plastique sur son sol : une des solutions vers
une planète plus saine », note Faada Freddy.

Depuis vingt ans et leurs débuts, « ce qui a changé et s’est empiré,
c’est cette maladie qui ronge le monde : la globalisation et le
capitalisme mondial. Aujourd’hui, la valeur d’un être humain se mesure
à son compte en banque. Son bonheur, à son sourire posté sur
Instagram. Nous sommes aussi dans une ère de l’ultra-communication,
qui peut friser le mensonge », indique Faada Freddy.

« Même pour faire la guerre, on use de la communication. Nous, en tant
que colibri, nous faisons notre part. Et en tant que rappeurs, nous
tâchons de réinvestir une parole digne de sens », poursuit le rappeur.

Ndongo estime qu’au niveau culturel, « la situation évolue
positivement » au Sénégal. « Il y a par exemple la Biennale des
Arts…Beaucoup d’artistes continuent de repousser les limites. Mais là
où ça coince, c’est au niveau des politiques, au service du
capitalisme… Ca gâche tout ! Tu fais des beaux châteaux de cartes, et
ils s’écroulent instantanément. Dans un titre comme Jotna, par
exemple, on parle de la mainmise sur les économies en Afrique ».

Selon Faada Freddy, de tels messages s’adressent aux dirigeants, pour
leur dire : « Avant de signer un accord, on leur dit : +prenez le temps
de réfléchir. Ne voyez pas uniquement vos intérêts, vos amitiés
personnelles. Pour protéger un lobby, vous sacrifiez toute une
génération sur 50 ou 70 ans. Réfléchissez !+ ».

Il y a aussi dit-il le discours à l’endroit des jeunes, « tous ces
jeunes Africains qui cherchent l’Eldorado en Europe, au péril de leur
vie. Comme le dit l’écrivaine Fatou Diome, ils se jettent dans le
« ventre de l’Atlantique » en emportant leurs rêves. A ces voyageurs du
désespoir, je dis : « Vous partez chercher le diamant, mais vous
oubliez que vous êtes assis dessus ».

Pour cet album composé entre Kinshasa, Paris et Dakar, le duo dit être
sorti de sa zone de confort en s’inspirant notamment de la rumba.

« On a effectué un travail de recherche : comment faire pour que nos
musiques parlent aux nouvelles générations, sans tomber dans la copie
de la tendance, par nature éphémère ? », dit Ndongo D.

« En gros, résume Faada Freddy, on a forgé une musique équilibrée, qui
garde ses racines. Je convoque souvent la métaphore de l’arbre : quand
les « temps » viennent, les feuilles changent, mais les racines
demeurent toujours, qu’importent les saisons ! Et puis, même si on
travaille énormément sur nos lyrics et la musique, on essaie aussi de
se laisser porter par la vibe, de ne pas tout contrôler, pour recevoir
la magie de l’univers ».

BK/OID

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