ANP Blocage du Pipeline : Les autorités béninoises violent les accords concernant l’exportation du pétrole brut nigérien (PM- Niger) APS SENEGAL-ENVIRONNEMENT / Contre l’exploitation clandestine des forêts, le ministre de l’Environnement prône un accroissement des efforts APS SENEGAL-INDUSTRIE / Le gel des exportations d’arachide préconisé pour redynamiser la Sonacos APS SENEGAL-SPORTS / Kaffrine hôte d’un tournoi national de Taekwondo APS SENEGAL-EMPLOI / L’ASPRH et le 3FPT en partenariat pour booster la formation et l’insertion professionnelle des jeunes APS SENEGAL-LITTERATURE / Le troisième Festival du livre et de la littérature de Dakar s’ouvre le 29 mai, selon son président MAP Afrique du Sud: cinq morts dans l’effondrement de la façade d’un immeuble (autorités) MAP Sept gendarmes tués dans le sud-ouest du Cameroun MAP 16è championnat d’Afrique de VTT: 2 médailles de bronze pour le Maroc lors de la première journée MAP Tan-Tan : Un Patrouilleur de Haute mer de la Marine Royale porte assistance à 59 candidats à la migration irrégulière

Côte d’Ivoire-AIP/ « Perdre la vue, ce n’est pas perdre la vie, l’enfant non voyant peut tout faire » (pdt d’ONG)


  30 Mars      171        Société (45274),

 

Abidjan, 28 mars 2023 (AIP) – Dans un entretien accordé à l’AIP, le président de l’ONG, « Aide aux enfants non-voyants de Côte d’Ivoire », Attobla Charles Emmanuel,  aveugle, enseignant à l’institut de réhabilitation, de formation des aveugles du Mont Carmel (IRFAM) à Anyama, évoque les nombreuses difficultés que traversent les enfants atteints de cécité au niveau scolaire, familial, et fait des propositions pour une meilleure prise en charge de ces enfants afin de faciliter leur intégration.

AIP : Pouvez-vous nous présenter votre ONG ?

Attobla : L’ONG « Aide aux enfants non-voyants de Côte d’Ivoire » a été créée en février 2012, et a pour objectif de faire la promotion des droits fondamentaux de l’enfant non-voyant et faciliter l’accès aux structures de base pour ces enfants. En d’autres termes, l’ONG lutte pour que l’enfant malade soit pris en charge totalement à l’hôpital. Nous faisons aussi en sorte que ces enfants aient accès à l’école. Aujourd’hui, les enfants voyants vont à l’école et les enfants atteints de cécités n’ont pas d’accès à l’école. L’ONG a pour mission de trouver ses enfants là, pour les intégrer dans les écoles.

AIP : Comment se fait le recrutement de ces enfants mal-voyants ?

Attobla : Nous allons les chercher dans les villages. L’information est donnée de bouche à oreille. Et quand, nous apprenons qu’un enfant non-voyant est dans tel quartier, dans telle ville ou dans telle localité, et nous allons le récupérer et solliciter l’aide à de bonnes volontés. Nous intégrons ces enfants dans les structures comme l’Institut de réhabilitation de formation des aveugles du mont carmel (IRFAM) à Anyama, à l’Institut des aveugles de Yopougon et au centre d’éducation de formation et d’insertion des aveugles de Toumodi.

AIP : Combien d’enfants avez-vous découvert dans vos tournées ?

Attobla : Nous avons découvert vingt enfants non-voyants à Bouaké qui sont inscrits dans les écoles intégratrices et 10 à Korhogo et une vingtaine à Man. L’école intégratrice, c’est une école où les enfants non-voyant apprennent d’abord les connaissances élémentaires dans le centre, par la suite, nous les envoyons se frotter avec les enfants voyants.

AIP : Votre organisation, intervient-elle auprès de ces écoles dans la prise en charge de ces enfants ?

Attobla : Il faut dire la vérité, il y a un manque, mais, l’Etat fait beaucoup. Ce que nous ONG nous faisons, nous apportons notre petit grain de sel, c’est-à-dire que nous cherchons des bailleurs de fonds pour ces différentes structures. Il y a l’exemple de Toumodi. Nous avons conseillé au centre d’aller auprès d’une structure de téléphonie afin de l’aider à réhabiliter ses locaux. Ce qui a été fait.  Aujourd’hui, les enfants disposent d’un dortoir, grâce à l’aide de ces partenaires. Une société de jeu de hasard a également construit un préau pour les enfants. En tout état de cause, notre rôle est d’orienter ces centres de formation vers ces partenaires au développement.

AIP : Quelles sont les activités que vous menez en dehors du recrutement ?

Attobla : L’ONG aide à mener plusieurs actions notamment des campagnes de sensibilisations, l’organisation d’arbre de noël que les enfants affectionnent.

Nous apportons également un soutien au niveau médical, aux enfants non-voyants, c’est-à-dire que nous leur apportons des médicaments. Nous offrons aussi des tenues scolaires et des kits scolaires aux enfants.

Nous faisons aussi la sensibilisation dans les localités, même dans les hôpitaux, chez les ophtalmologues pour les informer qu’il existe des centres où les enfants peuvent être conduits pour bénéficier d’une bonne éducation scolaire.

AIP : D’où proviennent ces ressources vous permettant de mener toutes ces activités ?

Attobla : L’ONG vit des cotisations de ses membres et de soutien de bonne volonté. L’école où j’enseigne fait des demandes d’aide. Souvent quand les enfants ont besoin de papier braille, nous sollicitons des bonnes volontés pour les mettre à leur disposition.

AIP : Quelles sont les difficultés rencontrées au niveau de l’ONG ?

Attobla : Aujourd’hui, les financements se font rares avec les bailleurs de fonds. Lorsque vous élaborez un projet, le bailleur regarde et souvent il n’est pas trop intéressé. Donc le financement se fait rare au niveau des ONG en Côte d’Ivoire.

AIP : De par votre expérience, comment ces enfants aveugles sont-ils perçus dans leur famille et entourage ?

Attobla : Dans leur famille, c’est très difficile. Il ne faut pas se le cacher. Quand vous avez un enfant handicapé dans la famille, il est sujet de stigmatisation pour certains.  Les gens se disent que c’est une malédiction. Ils ne s’approchent pas trop de l’enfant. Souvent, le père et la mère ne savent pas que l’enfant non-voyant peut faire beaucoup de choses. Par exemple, que l’enfant non voyant peut laver ses habits, faire son lit, et bien d’autres choses.

Certains parents disent souvent que l’enfant non-voyant est un bon à rien. C’est très difficile pour ses enfants et nous au niveau de l’ONG, nous sensibilisons ses parents à surmonter le regard méprisant des gens sur leur progéniture.

Nous disons souvent ce slogan : perdre la vue, ce n’est pas perdre la vie et l’enfant non voyant peut tout faire.

AIP : Vous avez dit que les parents traitent ces enfants de malédiction. Quel est l’impact de ce comportement des parents sur les enfants ?

Attobla : Le regard discriminant des parents sur ces enfants mal-voyants a nécessairement un impact négatif sur les enfants.  Cette situation crée le repli sur soi  et l’enferment de l’enfant. Toutefois, on retrouve chez l’enfant mal-voyant qui intègre un centre de réhabilition de la joie et une sensation de bien-être.

AIP : Quels sont vos projets ?

Attobla : D’abord, c’est d’avoir du matériel pour les enfants non-voyants. Les instruments que les enfants non-voyants utilisent sont des instruments qui nous viennent de l’Europe. La Côte d’Ivoire ne fabrique pas ces matériaux pédagogiques qui coûtent très chers.  Nous avons la tablette, la calculatrice des non- voyants et même la canne blanche qu’ils prennent pour se déplacer, cela coûte très cher.

L’ONG cherche aussi des bailleurs de fonds, de bonne volonté pour que les enfants puissent avoir des papiers brailles. L’ONG envisage de chercher des bailleurs de fonds pour la création de différents centres et disposer de matériels didactiques pour leur formation.

Dans la même catégorie