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Décès de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé à 90 ans


  2 Avril      40        Arts & Cultures (3210), Société (45595),

 

Abidjan, 02 avr 2024 (AIP)- L’auteure Maryse Condé, née le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), est décédée dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 avril 2024.

Écrivaine, mais aussi professeure et journaliste, la Guadeloupéenne a fait de sa vie une épopée rythmée par ses nombreux voyages en Afrique de l’Ouest et aux États-Unis. Dans son œuvre (pas moins de 70 livres, de la pièce de théâtre aux essais, en passant par les œuvres pour enfants), Maryse Condé aborde inlassablement l’esclavage, le colonialisme, l’identité, la maternité.

Maryse Condé est la benjamine d’une famille de huit enfants, elle grandit en Guadeloupe dans un « milieu d’embryon de bourgeoisie noire« . Sa mère, Jeanne Quidal, était l’une des premières institutrices noires de sa génération, tandis que son père, Auguste Boucolon, a fondé ce qui deviendra la Banque Antillaise en 1955.

Très jeune, Maryse Condé s’intéresse à la littérature. « Mon père commandait des livres de littérature française. Lui ne les lisait pas, mais mon frère et moi, on coupait les pages et on lisait. Petits, on a été imprégnés de littérature et de culture française », racontait la romancière.

Maryse Condé passe sa jeunesse dans une Guadeloupe encore très coloniale, ce qui la pousse à quitter son île, en quête de réponse sur son identité et ses origines. En 1953, à 19 ans, elle arrive seule à Paris. Elle commence son cursus au lycée Fénelon, puis intègre la prestigieuse École normale supérieure. La Guadeloupéenne subit du racisme sans en comprendre le fondement. C’est à ce moment qu’elle se rend compte de sa couleur de peau et de sa condition de femme noire.

Plus tard, elle fait la rencontre de Mamadou Condé, un acteur guinéen qu’elle admire, connu pour avoir joué le rôle engagé d’Archibald dans la pièce Les Nègres de Jean Genet. Le couple se marie à Paris en 1958. Maryse Boucolon devient Maryse Condé. Elle donne naissance à trois filles, Sylvie-Anne en 1960, Aïcha en 1961 et Leïla en 1963.

Un an après son mariage, la Guadeloupéenne décide de partir en Afrique. Maryse Condé arrive en Côte d’Ivoire pour être professeure de français dans un lycée. Puis, elle rejoint son mari à Conakry en Guinée, en 1961, période où le pays s’embrase et réclame son indépendance. Ce moment exaltant l’inspire : elle rédige alors son premier roman, Heremakhonon, qui revient sur ses désillusions dans la Guinée de Sékou Touré. Son union avec le comédien Mamadou Condé ne durera pas. Ce mariage est même vécu comme un échec pour Maryse Condé

Elle part ensuite au Ghana. En février 1966, le coup d’état militaire d’Accra renverse le régime politique en place. Soupçonnée d’espionnage (son passeport guinéen la rend suspecte), Maryse Condé est expulsée. L’autrice de Ségou fait un court séjour en prison avant de s’envoler pour Londres avec ses quatre enfants. Là-bas, elle reprend sa casquette de journaliste pour travailler à la BBC Afrique.

Après son passage à Londres, Maryse Condé retourne une nouvelle fois en Afrique, au Sénégal. Elle travaille comme traductrice à l’Institut américain de développement économique et dans un lycée. Là-bas, elle rencontre Richard Philcox, un professeur d’anglais. Il devient son second époux en 1981. L’autrice guadeloupéenne confie ses enfants à Mamadou, avec lequel elle est toujours mariée, et retourne à Paris.

« J’en avais vraiment marre de l’Afrique. Trop de coups durs. Je me voyais en train de stagner dans des postes médiocres et des maisons de fonction délabrées avec tous ces enfants qui commençaient à grandir. Il ne semblait n’y avoir ni issue, ni avenir », soutient-elle, lors d’un entretien avec Françoise Pfaff en 1993.

Après être retournée sur son île natale, elle s’installe aux États-Unis en 1979 pour y faire des reportages. Maryse Condé va finalement enseigner Outre-Atlantique, d’abord à l’université de Californie, à Santa Barbara et Los Angeles, puis à l’université Columbia, où elle fonde le Centre des études françaises et francophones. La Guadeloupéenne décide de prendre sa retraite universitaire en 2002.

De retour dans l’Hexagone, Maryse Condé préside le comité pour la mémoire de l’esclavage créé en 2004, après l’adoption de La loi Toubira qui reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité. En 2019,  la    romancière guadeloupéenne reçoit la grand Croix de l’ordre national du Mérite des mains du président Emmanuel Macron.

Pour des raisons de santé, la romancière s’exile à Gordes, un petit village du Vaucluse, dans le sud de l’Hexagone, avec Richard Philcox. Elle écrit Le Fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana depuis chez elle, en dictant le roman à son mari. À 87 ans, Maryse Condé publie L’Evangile du nouveau monde, son dernier roman, en 2021. Pour son œuvre foisonnante, l’autrice guadeloupéenne a reçu en 2018 le prix Nobel « alternatif » de littérature

Lors d’une cérémonie à Stockholm. Ces dernières années, les hommages à Maryse Condé se sont multipliés. Deux journées lui ont été consacrées au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) à Marseille, un lycée de région parisienne a décidé de se rebaptiser avec son nom … Le nom de Maryse Condé est aussi associé à un prix littéraire depuis 2001.

En Guadeloupe, Maryse Condé n’a pas toujours été reconnue comme un monument de la littérature, ce qui l’affectait. Depuis, son œuvre est enseignée dans les écoles guadeloupéennes. Lorsqu’elle retourne sur son île en 2018, récompensée par le prix Nobel, l’autrice est reçue comme une véritable icône. « Je suis heureuse, simplement, bêtement, naïvement. Heureuse et aussi fière pour le pays. C’est d’abord la Guadeloupe. C’est pour elle que j’ai travaillé, pour elle que je suis récompensée« , disait-elle.

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