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Djaka Festival 2022 : un linguiste explique le lexème, le vocabulaire et le symbolisme du concept


  19 Juillet      80        Arts & Cultures (3104),

 

Abidjan, 19 juil 2022 (AIP)- Depuis plus d’une décennie, il est en vogue dans la région du Lôh Djiboua (départements de Divo, Lakota et Guitry) un festival des arts et de la culture dénommé « Festival Djaka ». En prélude à l’édition 2022, qui se tient, du 1er au 14 août, à Divo, sous le thème « Adja », le commissaire principal chargé de l’éducation et la formation, le linguiste, Abraham Gbogbou, fait une incursion lexicale sur le lexème « Djaka », le vocabulaire, les représentations symboliques et les termes liés au concept de ce festival.

Quelle approche étymologique faites-vous du terme « Djaka » ?

Abraham Gbogbou : Le mot « Djaka » signifie en langue Dida la joie, l’amusement, le divertissement, le jeu, etc. Etendu sur l’axe de la synonymie, « djaka » signifie « wozo », « azibho », toujours en Dida.

Le terme « djaka » ainsi épluché, le « Festival Djaka » s’entend comme une occasion pour les peuples Dida, Ega, Godié et leurs alliés ou « Tukpè » de se retrouver et de se réjouir, s’amuser, se divertir. En somme, « Djaka Festival » ou « Festival Djaka » est une tribune de la valorisation de la culture des peuples cités plus haut. De ce point de vue, ce rassemblement va au-delà d’une simple rencontre de divertissement, car promouvoir la culture d’un peuple, d’une communauté, c’est la faire vivre, c’est la rendre éternelle. « Djaka Festival » se pose et s’impose comme un instrument de pérennisation de l’âme culturelle des peuples Dida, Godié, Ega et leurs alliés.

A vous écouter, plus qu’un mot, « Djaka » représenterait plutôt un très vaste concept.

Abraham Gbogbou : Comme nous venons de le montrer, le lexème « Djaka » va au-delà de son acception étymologique pour arpenter les glorieux sentiers de la conceptualisation. « Djaka », par l’usage, qui en est fait aujourd’hui, est un concept. Un concept anthropologique, parce que valorisant les relations humaines et tout l’homme, un concept culturel, parce promouvant la culture de tout un peuple, un concept de développement durable humain, parce que prenant en compte le progrès économique, la croissance à tous égards en partant des acquis présents sans compromettre le bien-être des générations futures, un concept de cohésion sociale et de paix, parce qu’incluant tout le monde sans distinction de langue, de religion, de sexe, de couleur…

Quel est le thème de cette année et comment se fait le choix des thématiques abordées par le « Festival Djaka » ?

Abraham Gbogbou : Le Festival des arts et de la culture Dida, Ega, Godié et alliés, traite de thématiques suprêmement denses, riches. Ainsi, les années antérieures, il a été question entre autres de « Walù » (l’Amour), « Tùkpè » (les alliances à plaisanterie interethniques), « Loɓe » (le travail) pour ne citer que ceux-là.

Cette année, le comité scientifique et le comité international, ont choisi le thème de « Adja » (héritage), entendons « notre héritage ». Il ne s’agit pas ici de n’importe quel héritage. Il s’agit de notre héritage culturo-ancestral. Il s’agit du riche patrimoine culturel que nos parents et nos ancêtres nous ont laissé. Promouvoir et protéger ce riche patrimoine culturel ancestral, c’est rendre hommage à ceux qui nous l’ont laissé. En réalité, nous, génération actuelle, ne sommes pas propriétaires de ce patrimoine. Nous n’en sommes que gestionnaires. Les vrais propriétaires sont autour de nous, sous terre, dans le vent, dans les rivières, dans les pierres, dans les forêts, etc. Ce sont nos morts qui ne sont jamais morts. Nous avons l’impérieux devoir de veiller sur ce riche patrimoine. Gare à celui qui voudra le brader ! C’est là toute la sémantique du thème de la 12ème édition du Festival Djaka.

Quel est votre leitmotiv ?

Abraham Gbogbou : Le grand et immortel Jean-Marie Adiaffi par l’entremise de son personnage mythique, le prince héritier de Béttié, Mélédouman a dit : « Si tu veux atteindre un peuple (…) nie sa culture, son histoire, brûle tout ce qu’il adore et l’objectif est atteint ». Par cette philosophie, la culture s’identifie à un patrimoine qui fonde l’existence de l’individu et de la communauté dans laquelle il vit et qui donne sens à son existence. La Culture, c’est en un mot son « Adja », son héritage. Les Dida, les Ega, les Godié, les Neyo, n’entendent pas voir leur culture connaître un sort sordide. C’est la raison pour laquelle ils mettront toujours tout en œuvre en associant leurs forces, leurs intelligences pour faire vivre le « Festival Djaka ».

Il le faut, car la région de Divo est et demeure la capitale des Arts et de la Culture ivoirienne. Pour mémoire, nous citerons le magnifique groupe « Woya » du génie David Tayauraut, la troupe théâtrale Djiboua. C’est à Divo que le brillantissime comédien Gbizié Bruno alias Zoumana de « Faut pas fâcher » a fait ses premières classes. La liste est longue. « Toujours Divo et Divo toujours », dit-on chez nous. « Que Djaka Festival vivra et la culture ivoirienne vivra ! »

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