Rabat, 07/11/2018 (MAP) – Le Kenya pourrait ne pas être en mesure de maintenir son taux de croissance économique d’environ 6% par an en raison de la faible croissance du crédit provoquée par un plafonnement des taux d’emprunt commercial, a déclaré le Président directeur général d’Equity Group, James Mwangi.
La plus riche économie d’Afrique de l’Est a plafonné ses taux à 4 points de pourcentage au-dessus du taux de la banque centrale en 2016, les autorités déclarant vouloir aider les petits commerçants à accéder à des capitaux à des taux abordables.
Mais cette mesure a eu cependant un effet inverse. Le gouverneur de la banque centrale avait déclaré en septembre que le plafond étranglait l’économie et que les banques ne pouvaient pas correctement évaluer le risque pour les petites et moyennes entreprises (PME).
« Il est impossible de développer une économie à 6% et de la financer à un taux de croissance de 4% », a déclaré M. Mwangi, cité mercredi par les médias kényans.
Le législateur a bloqué une tentative du ministre des Finances, Henry Rotich, d’abroger le plafond en juin afin de stimuler la croissance du crédit, au motif que les banques ne se réglementeraient pas elles-mêmes pour offrir des taux inférieurs aux consommateurs.
Les capitaux propres d’Equity Group ont augmenté de 8% du bénéfice avant impôts sur une période de neuf mois se terminant en septembre, alors que les intérêts créditeurs augmentaient et que les bénéfices tirés de ses activités régionales, comme en République démocratique du Congo, progressaient plus rapidement.
La Banque centrale du Kenya (Central Bank of Kenya, CBK) a publié en mars une étude d’impact sur la loi d’encadrement des taux d’intérêt. D’après cette loi, entrée en vigueur en septembre 2016, les taux prêteurs des banques sont plafonnés à 400 pb (4 %) au-dessus du taux d’intérêt directeur de la CBK, aujourd’hui de 9,5 %.
La mise en place de cette loi constituait une réponse du gouvernement aux critiques contre le coût élevé du crédit – 18,2 % en moyenne avant son entrée en vigueur – alors que la profitabilité du secteur bancaire était dans l’ensemble élevée.
D’après la CBK, l’encadrement des taux a eu plusieurs effets négatifs, qui de manière agrégée, auraient couté 0,4 point de croissance au Kenya en 2017. D’abord, il a entraîné une diminution du crédit aux clients les plus risqués, à savoir les ménages et les PME, le taux d’intérêt maximal étant insuffisant pour faire face aux risques inhérents à ces catégories de clients.
Les banques se sont dès lors tournées massivement vers les actifs les plus sûrs : titres de dette publique et prêts aux grandes entreprises.
Par ailleurs, suite à l’entrée en vigueur de la loi, la banque centrale observe une augmentation des frais bancaires – qui est allée de pair avec une plus forte opacité des offres bancaires pour les consommateurs – ainsi qu’une dégradation de la situation financière des plus petites banques dont la dépendance aux revenus d’intérêts est plus forte.
Ces petites banques ont par ailleurs souffert d’un transfert des dépôts vers les grandes banques, jugées plus à même de faire face à ces nouvelles contraintes réglementaires.
Enfin, la conduite de la politique monétaire de la CBK a été rendue plus compliquée : la baisse de l’inflation rend théoriquement possible un assouplissement de la politique monétaire dont les effets sont délétères sur le crédit au secteur privé, la baisse du taux d’intérêt de la CBK conduisant mécaniquement à une diminution du plafond maximal des taux prêteurs des banques.