Abidjan, 27 sept (AIP)- Dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale de lutte contre la maladie de la Rage, vendredi, Dr Dali Serge, médecin de santé publique et membre du concept « One health », une seule santé met en garde sur cette zoonose qui tue après 72h.
Depuis quelques temps, l’on entend parler du concept « One health ». Que renferme-t-il?
Le concept « One Health », pour dire une seule santé, est une approche qui fait la promotion de l’intégration des ressources dont dispose un pays pour faire face aux problèmes de santé qui se posent aux populations. En Côte d’Ivoire le concept est beaucoup plus porté sur les maladies dites « Zoonotiques »
C’est quoi les maladies zoonotiques ?
La zoonose ou maladie zoonotique est une maladie qui se retrouve chez l’homme et chez l’animal. Elle représente près de 75% des maladies qu’on retrouve chez l’homme provenant de l’animal. L’on peut citer, la rage qu’on retrouve chez le chien et chez l’homme. La tuberculose, le grand groupe des maladies respiratoires, à savoir le syndrome respiratoire tel que la grippe aviaire et les maladies hémorragiques dont le chef de fil est Ebola. Mais également le groupe des maladies bactériennes qu’on retrouve généralement dans la catégorie de ce qu’on appelle la brucellose : Un mot pour désigner une maladie qui est transmise par le lait du bœuf non pasteurisé.
Parlant de la rage, quelles sont donc les causes et conséquences de cette maladie dont la journée mondiale de lutte sera commémorée vendredi ?
La rage est une maladie infectieuse qui est due à un virus qu’on appelle le virus rabique. Elle est contractée à partir de morsure ou griffures de l’animal, qui peut également lécher. C’est à travers ce léchage que le virus est transmis du chien à l’homme malade.
Quelle est la prévalence en Côte d’Ivoire ?
Selon la littérature, chaque année nous avons 30 à 40 cas de rage en Côte d’Ivoire. C’est minime, mais vu la gravité de la maladie, il est mieux de ne pas avoir de cas de rage.
Qu’est-ce qui est donc fait dans ce sens par le gouvernement ?
De nombreuses actions sont posées dans ce sens. Il y a l’approche « One Health » pour laquelle nous sommes là (Ndlr, à l’atelier de formation des facilitateurs à Yamoussoukro) et qui nous permet de sensibiliser et de passer le message sur le mode de prévention. Mais il y a également des journées qui sont organisées pour faire un focus et attirer l’attention des populations sur la maladie et ses conséquences.
L’on parle également du chat, comme un autre vecteur de cette maladie…
Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est le chien qui est reconnu comme vecteur de la rage. Il y a des écrits qui font état du chat. Mais cela n’est pas bien documenté. Je préfère que la population retienne que c’est le chien qui est l’animal par lequel le danger peut arriver.
Comment se manifeste la rage chez l’homme et chez l’animal ?
La manifestation de la rage et sa gravité chez l’homme et l’animal sont différentes. L’animal atteint de rage vit plus longtemps que l’homme atteint de la maladie. Lorsque vous êtes atteint de rage en général, dans les 24 à 72 heures qui suivent, la mort survient dans un tableau de perte de connaissance. Vous avez également des troubles mentaux. Généralement, l’on se retrouve devant un patient qui bave et la mort survient en général assez rapidement. Il est plutôt bon de faire la prévention que le traitement.
Pour le citoyen lambda, quelles attitudes adopter face à un animal enragé?
Il faut savoir qu’il y a une étude qui a été faite et qui a montré qu’en Côte d’Ivoire, il y a plus d’un million de chiens. Sur l’ensemble, il y a seulement 10% qui sont correctement vaccinés. C’est-à-dire sur 100 chiens, seulement 10 sont vaccinés. La première des choses est de correctement vacciner les chiens, étant donné que ce sont eux qui transmettent la rage. La deuxième, c’est de se faire vacciner soi-même, si on a des chiens à la maison. La dernière, quand on est mordu par un chien dont le statut vaccinal est inconnu, il faut se rendre à l’hôpital. Parce que le vaccin contre la rage peut se faire à titre préventif même si la morsure est intervenue.
Y a-t-il une prise en charge?
Non malheureusement, il n’y en a pas. C’est pour quoi, il faut insister sur la vaccination.
« One health » étant une plateforme collaborative, quel rôle doit jouer les différents ministères techniques tels le ministère des ressources animales et halieutiques, de la santé et de l’hygiène publique, de l’Agriculture et du développement rural, pour ne citer que ceux-là ?
Le ministère des ressources animales et halieutiques peut décider par exemple que la plupart des chiens soient vaccinés à travers un réseau de vétérinaires. Le ministère de la santé et de l’hygiène publique à travers les services de vaccination peut prendre des dispositions pour faire vacciner les populations. Chaque ministère peut jouer son rôle de sorte qu’en mettant ensemble les différentes ressources on puisse aboutir à cette approche multi-sectorielle.
