Johannesburg, 22/02/2023 -(MAP)- Le gouvernement sud-africain a décidé de renforcer la lutte contre la corruption et la criminalité, qui font rage dans le pays, en y allouant un montant de 14 milliards de rands (près de 800 millions de dollars) au titre de l’année 2023, a révélé mercredi le ministre des Finances, Enoch Godongwana.
« Le Service de police sud-africain (SAPS) recevra 7,8 milliards de rands pour recruter 5.000 agents de police par an, alors que l’Autorité nationale des poursuites pénales sera dotée de 1,3 milliard de rands pour soutenir la mise en œuvre des recommandations de la Commission de capture de l’État et du Groupe d’action financière (GAFI) », a déclaré M. Godongwana lors de la présentation du budget de 2023 devant le Parlement dans la ville du Cap (1470 km de Pretoria).
Il a ajouté que le Centre de renseignement financier (FIC) se voit allouer 265,3 millions de rands supplémentaires pour lutter contre la criminalité organisée et financière, tandis que l’Unité d’enquête spéciale (SIU) recevra 100 millions de rands pour engager des poursuites civiles devant le tribunal spécial concernant les cas de corruption et de capture d’État.
Revenant sur l’éventuelle mise de l’Afrique du Sud sur la liste grise du GAFI, M. Godongwana a déclaré que le gouvernement a corrigé jusqu’à présent 15 des 20 lacunes législatives identifiées par le groupe international en matière de vulnérabilité du système anti-blanchiment d’argent du pays.
« Nous reconnaissons la nécessité d’être plus efficaces dans la mise en œuvre de nos lois, en particulier dans la lutte contre les crimes organisés et sophistiqués », a-t-il poursuivi.
Dans ce sens, le ministre a affirmé que la résolution des problèmes du GAFI « fait partie d’une lutte plus large contre la corruption, la criminalité, la capture de l’État et l’affaiblissement délibéré des institutions sud-africaines ».
Il a rappelé ainsi que la plénière du GAFI décidera plus tard cette semaine si elle placera l’Afrique du Sud sous une surveillance accrue, autrement connue sous le nom de liste grise, mettant en garde que le pays doit se préparer à cette éventualité.
L’Afrique du Sud s’est engagée depuis quelques mois dans une course contre la montre pour remédier aux dysfonctionnements de son système financier en ce qui concerne la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Toutefois, le Centre de renseignement financier a souligné que le gouvernement est peu susceptible d’adapter des lois inadéquates en la matière et d’éviter à temps la liste grise du GAFI. « Il n’y a aucune possibilité de demander un délai supplémentaire ou des prolongations dans le cadre du processus entamé par le GAFI », a déclaré le directeur exécutif du FIC, Pieter Smit, déplorant que le gouvernement accuse un grand retard dans la mise en place des réglementations appropriées.
Les conséquences d’une éventuelle dégradation seraient lourdes pour l’économie du pays, déjà embourbée dans un ralentissement économique qui dure depuis plusieurs années.