Ouagadougou, 28 juin 2018 (AIB)- Les avocats du cyberactiviste burkinabè Naïm Touré se sont insurgés mercredi à Ouagadougou, au cours du procès de leur client, contre la réquisition de 12 mois d’emprisonnement ferme du parquet, mais finalement le délibéré a été renvoyé pour le 3 juillet prochain, apprend-on du site Burkina24.
Pour la dizaine d’avocats de Naïm Touré, aucune des infractions n’est constituée, rapporte Burkina24. Le media en ligne cite Maître Batibié Bénao qui affirme que «la démoralisation des troupes, c’est plutôt le fait de laisser les soldats mourir un à un sans travailler à l’amélioration de leurs conditions».
A sa suite, Maître Ambroise Farama, prenant le cas du malien Mamadou Gassama en France, estime que la juridiction devrait plutôt féliciter le facebookeur (Naim Touré) pour service rendu.
Maître Prosper Farama, lui s’est interrogé : «un soldat qui est au front et qui n’est pas censé être sur Facebook, comment le démoraliser ?».
Naïm Touré est poursuivi pour trois chefs d’accusation : «participation à une entreprise de démoralisation des Forces de défense et de sécurité (FDS)», «incitation de troubles à l’ordre public» et «proposition aux FDS de former un complot contre la sûreté de l’Etat».
L’activiste Naïm Touré a reconnu être l’auteur de la publication incriminée mais n’a pour autant pas reconnu les faits qui lui sont reprochés, rapporte le media en ligne.
Il a expliqué, nous apprend Burkina24, qu’il était «de bonne foi» quand il faisait son post qui, selon ses dires, fait suite à un écrit du quotidien d’Etat, Sidwaya, dans sa rubrique Kantigui attirant l’attention du public et des autorités sur le sort d’un soldat qui a failli laisser sa vie au service de son pays.
«Mon intention était d’informer, d’interpeller, mais aussi de formuler des critiques face à la situation. On peut critiquer en étant dans la légalité. Ce n’est pas parce que les gendarmes sont républicains qu’ils ne devraient pas critiquer pour l’amélioration de leur situation» a déclaré au Tribunal le prévenu pour qui «stopper le pouvoir» veut dire tout simplement «le sanctionner par exemple aux votes».
Selon Naïm Touré, dont les propos sont rapportés par Burkina24, les gendarmes pourraient, pourquoi pas, faire des votes-sanctions, encore appelés «dégagismes», lors des futures élections si leurs conditions de vie et de travail s’empiraient.
Le procès s’est déroulé pendant au moins quatre heures dans une salle d’audience qui a refusé du monde selon le media en ligne.
Naïm Toure avait déjà été condamné en 2017 à une amende de 300 000 FCFA pour faits d’injures. Le délibéré du procès a été renvoyé pour le 3 juillet prochain par le président du tribunal nous apprend le site Burkina24.
Agence d’Information du Burkina
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