Thiès, 25 nov (APS) – Le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural envisage de consacrer une partie de la subvention des intrants, à l’achat d’engrais bio-organiques, pour soutenir l’agriculture biologique, a annoncé, mercredi à Thiès, Amadou Oury Diallo, conseiller technique au sein de ce département ministériel.
« Aujourd’hui, je peux vous donner une information que je peux partager, c’est qu’il y a une bonne initiative de prendre une partie du budget pour subventionner les engrais bio-organiques », a-t-il dit.
La mise en œuvre de cette décision devrait démarrer « cette année ou tout au plus l’année prochaine », a précisé ce conseiller technique, peu après avoir présidé la cérémonie d’ouverture d’un atelier de la plateforme nationale d’agriculture biologique.
Cette option constitue ’’un changement majeur », estime M. Diallo qui dit travailler sur ce dossier depuis un an, sur instruction du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural.
Il n’a toutefois pas souhaité préciser la part de la subvention qui sera allouée aux intrants bio-organiques.
Selon lui, l’agriculture écologique a toujours été pratiquée, de manière traditionnelle au Sénégal, malgré une croissance de plus en plus importante de l’agriculture conventionnelle.
Mais face au besoin urgent d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle, l’agroécologie nécessite, pour assurer un certain niveau de production, de grandes superficies et une importante main d’œuvre. Ce qui « n’est pas évident », a-t-il relevé.
« C’est là où le conventionnel a sa place », a-t-il ajouté, soulignant l’importance d’adopter un système agricole hybride conventionnel-écologique. L’impact des engrais chimiques est plus rapide que celui des engrais bio-organiques, mais ces derniers sont meilleurs pour la santé, fait-il valoir.
Selon lui, chaque contexte se rapporte à un type d’agriculture déterminé, d’où le travail de pédagogie à abattre, pour vulgariser l’agroécologie.
Pour Doudou Diop, président de la Fédération nationale pour l’agriculture biologique (FENAB), cette décision du ministère d’affecter une partie du budget à l’achat d’engrais bio-organiques est « un progrès » traduisant un niveau d’engagement selon lui jamais atteint auparavant par l’Etat, par rapport à l’agroécologie.
Thierno Cissé, coordonnateur du Conseil national de concertation des ruraux, assurant le secrétariat de cette plateforme nationale, a fait lui état d’’avancées importantes » dans le développement de l’agroécologie au Sénégal.
Il évoque à ce sujet la mise en place par l’Etat d’un PSE vert, dans lequel l’agriculture écologique occupe « une place très importante ».
Le développement de cette agriculture sans engrais chimiques figure aussi au nombre des cinq priorités définies par le président de la République son présent mandat, a signalé M. Cissé.
S’y ajoute que de plus en plus d’acteurs s’engagent dans l’agriculture biologique, partout sur le territoire national, avec environ 7.000 ha dédiés à l’agroécologie, a-t-il dit, citant une enquête.
« Beaucoup de bonnes pratiques sont disponibles, pour faciliter la mise à l’échelle de l’agriculture biologique », a-t-il soutenu, sans compter que des décisions ont été prises dans la sous-région en faveur de son envol, note-t-il.
La plateforme nationale des acteurs de l’agriculture biologique qui se réunit à Thiès, devrait contribuer davantage à cette dynamique. Des participants ont invité le ministère de tutelle à diligenter l’arrêté fixant sa création.
Cette instance compte plus de 200 structures, en majorité des organisations paysannes et de producteurs, selon M. Diop.