Dakar, 4 déc (APS) – La galerie Kemboury abrite, à Dakar, une exposition du plasticien El Hadj Babou Ndao, un plasticien originaire de Kaffrine (centre) qui se présente comme « un messager » des oiseaux, animaux volants qu’il élève et dont il s’inspire dans ses œuvres « pour instruire les hommes ».
Le vernissage de cette exposition intitulée “Des oiseaux, comme des hommes.. », a été organisé samedi, dans le cadre de la onzième édition du ”Partcours », une manifestation annuelle de la scène artistique dakaroise.
A travers quinze toiles carrées ou de forme circulaire, l’artiste essaie de traduire à travers son art des problématiques contemporaines en s’inspirant des oiseaux, convaincu que les hommes ont beaucoup à apprendre de ces animaux.
“Je suis en compagnie des oiseaux depuis quarante ans maintenant, j’élève des pigeons, mais j’ai appris à travers eux ce que je n’ai jamais appris avec les hommes. Je me sers des oiseaux pour instruire les hommes à travers mes œuvres”, explique l’artiste.
“L’oiseau est un messager de paix. Ils me permettent de parler de beaucoup de thématiques telles que la vie de couple, les problèmes de ménage, les réseaux sociaux, les relations entre être humains de religions, de localités ou d’ethnies différentes”, souligne Ndao.
El Hadji Babou Ndao utilise différentes techniques de peinture, dont le collage et le gribouillage. Il utilise également par moments des plumes naturelles insérées dans les toiles en les empâtant.
Le critique d’art Massamba Mbaye relève le talent de cet artiste qui se sert de ses tableaux pour narrer “nos vies, nos tares, nos faiblesses voilées voire notre démesure”.
La directrice de la galerie Kemboury, Thérèse Turpin Diatta, a dit avoir exposé El Hadji Babou Ndao pour dit-elle montrer que les talents ne se concentrent pas tous dans la capitale dakaroise.
“Il suffit de faire cent kilomètres, même parfois moins, pour trouver de réels talents dans le pays, et pour cette onzième édition de +Partcours+ j’avais envie de montrer autre chose que Dakar. Dakar regorge de talents, mais les régions aussi en ont”, note-t-elle.
L’artiste El Hadji Babou Ndao est sorti major de la promotion 2020 de l’Ecole nationale des arts de Dakar, après avoir d’abord exercé comme instituteur pour les cases de tout-petits et dans le primaire.
Le natif de Ngodiba, localité située à 4 kilomètres de Kaffrine, exerce désormais comme professeur d’arts plastiques et formateur au centre régional de formation des professionnels de l’éducation de Kaffrine.
Il a choisi de rester à Kaffrine pour y travailler. Ndao se dit conscient d’avoir l’opportunité de montrer davantage son travail à travers cette exposition montée par la galerie Kemboury, surtout qu’il dit venir d’un “milieu enclavé où les gens ne connaissent pas l’art ou ils diabolisent le métier en disant que cela est interdit par l’Islam”.
“C’est dommage et regrettable”, car « il y a beaucoup de talents dans les régions qui ne demandent qu’à être soutenus », ajoute-t-il.
El Hadji Babou Ndao avait participé à la dernière édition du Dak’art, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (19 mai au 21 juin) lors de laquelle ses œuvres avaient été exposés au Musée des civilisations noires.
