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ROGER SODADE, EX-DJ ET FIGURE MAJEURE DE LA CULTURE CAPVERDIENNE


  3 Novembre      98        Arts & Cultures (3086),

 

Dakar, 1er nov (APS) – Roger Sodade, de son vrai nom Roger Pierre

Moniz, n’a jamais mis les pieds au Cap-Vert mais ce DJ peut symboliser

ce qu’il y a de plus fort dans les liens entre le Sénégal et cet

archipel voisin dont la musique et la culture seront célébrées pendant

10 jours à Dakar, à partir de samedi.

Roger Sodade compte depuis quelques années parmi les promoteurs les

plus déterminés de la musique et de la culture cap-verdienne au

Sénégal.

Il n’est donc pas surprenant de le retrouver parmi les organisateurs

du 2e Festival des musiques du Cap-Vert (FESMUCAP) à Dakar, qui

démarre ce week-end dans la capitale sénégalaise, 20 ans après celui

organisé par l’ancien promoteur Mix Teixeira sur l’ile de Gorée.

Une manière pour Sodade et Isidore Lopez, principal promoteur de cette

manifestation, de contribuer à « redorer le blason de la musique

capverdienne », avec l’ambition de renforcer les activités ludiques

liées à la culture capverdienne au Sénégal pour à terme espérer un

plus grand renforcement de la coopération entre les deux pays.

Le programme du FESMUCAP prévoit des concerts de grands noms de la

musique capverdienne, comme Nancy Vieira, Cordas Do Sol, Ceuzany,

Neuza, mais également des conférences sur l’histoire de la migration

capverdienne.

Le FESMUCAP représenterait presque un accomplissement pour Roger

Moniz, 46 ans, désormais à la tête d’une agence de communication

audiovisuelle et qui a passé une grande partie de ses jeunes années à

raviver les sonorités de la « saudade » dans le cœur des Sénégalais,

contre les vents et les marées des nouvelles tendances de l’industrie

musicale.

Ce natif de Gorée, l’île située à 3 km au large de Dakar, d’un style

plutôt RnB au premier regard, semble avoir 15 de moins que les 46 ans

qu’il affiche, avec ses cheveux longs souvent en dread locks ou en

petites tresses.

Coiffé d’une casquette, il peut faire illusion un moment et faire

penser à un rappeur afro-américain. Sauf qu’en réalité, Sodade est né

d’un père cap-verdien qui n’est autre que Belmiro Moniz, le batteur du

groupe Tam Tam 2000, et a toujours baigné dans l’univers musical des

discothèques.

Pour lui, tout a commencé à Tambacounda, la capitale orientale du

Sénégal, où il a grandi avec sa maman en fréquentant le Niériko, une

boite de nuit située juste en face de chez lui.

Au milieu des années 1990, le jeune Roger, piqué par le virus, se

débrouillant avec n’importe quel matériel qu’il peut avoir sous sa

main, voulant vivre à tout prix faire sa passion, animant des soirées,

des amicales et certaines journées culturelles.

Son beau-père lui offre alors en 1996 son premier matériel de

sonorisation avec lequel il a fait le tour du Sénégal oriental.

Sa persévérance a fini par payer puisqu’il se fait recruter à la

station locale de la Radiotélévision sénégalaise (RTS, publique), en

1998.

DU SÉNÉGAL ORIENTAL À RADIO NOSTALGIE, UN PARCOURS INATTENDU

Intégrer une grande radio, faire de la télé et animer de plus grandes

discothèques : tels étaient à cette époque les objectifs de Roger

lorsqu’il décida d’arrêter définitivement les études à Tamba pour

monter à Dakar.

Après plusieurs mois de galère, il se fait engager comme DJ par les

frères Mendy, footballeurs français d’origine sénégalaise. L’animateur

va ensuite enchainer le DJ-ing dans des discothèques réputées de la

capitale sénégalaise comme « Le Nirvana » ou encore « Le Castel ».

Le destin lui sourit de plus en plus lorsque à peine âgé de 30 ans, il

est recruté dans la plus importante station de radio de l’époque au

début des années 2000, Nostalgie.

Les mélomanes se souviennent encore aujourd’hui de « la fièvre du

samedi soir », une émission qu’il avait lancée en 2004 et animée

pendant deux ans aux rythmes de rétros capverdiens.

« A l’époque, la fièvre du samedi soir était l’émission qui avait le

plus d’audimat, le concept était de retransmettre l’ambiance du samedi

soir à domicile pour ceux qui voulaient rester chez eux »,

explique-t-il.

Zik Afrik 100%, Sodade Show Time, Chaleur tropicale, Arc en Ciel,

l’animateur fait étalage de toute sa culture musicale et multiplie les

concepts devenus des émissions phares sur la radio Nostalgie.

Son passage à Radio Nostalgie, longtemps considérée comme la station

leader en matière d’animation musicale, a contribué à enrichir sa

carrière.

Mais tout ou presque lui retombe dessus quelques années après, entre

2015 et 2016, période marquée par de réelles difficultés financières

pour cette station musicale.

Des difficultés pas franchement attendues, période « la plus sombre » de

cette partie de la carrière de Roger Sodade, avec comme conséquence

plusieurs mois d’arrièrés de salaire vécus par lui et par d’autres.

CONSÉCRATION AVEC LE SHOW TÉLÉVISÉ « SODADE »

La carrière de Roger Pierre Moniz atteint la vitesse de croisière

lorsque Fatah Faris, ancien manager de Philip Monteiro, artiste

sénégalais d’origine capverdienne, lui confie l’animation de

l’émission « Sodade », qui va faire définitivement sa renommée.

« Pour dire vrai, l’émission a été proposée à la base à Philipe

Monteiro, mais Fatah a misé sur moi pour animer l’émission, car il

avait vu en moi un potentiel et pour cela je lui serai reconnaissant à

vie », dit-il.

Roger Sodade se dit très lié à Philipe Monteiro, un ami qu’il a

longtemps côtoyé. Et pour cause, signale-t-il, le tournage des scènes

de l’émission et son montage se faisait chez ce dernier.

Le show « Sodade », diffusé pendant deux ans sur la chaine de télévision

privée 2STV, était devenu un rendez-vous incontournable pour les

mélomanes férus de la musique capverdienne et lusophone en général.

Une notoriété qui lui a finalement valu le surnom de Roger Sodade,

sans compter qu’à partir de là, il était identifié comme l’animateur

attitré des Capverdiens.

« Cela a été une fierté pour moi que l’on m’identifie à toute une

communauté, même si je parle un créole assez basique », relève-t-il,

avant de souligner que cette référence à la limite exclusive lui a

« quand même fermé quelques portes’’, les « grandes discothèques

internationales » l’évitant à l’époque.

Et pourtant, en tant qu’animateur, il estime qu’il avait « une assez

bonne culture des autres styles musicaux » pour faire correctement son

travail avec d’autres références.

LA « PERTE DE VITESSE » DE LA MUSIQUE CAPVERDIENNE

En 25 ans de carrière au Sénégal, l’ex-animateur se satisfait d’avoir

contribué à susciter des vocations et d’avoir inspiré de nombreux

jeunes devenus aujourd’hui de grands noms de l’animation musicale.

Il se désole seulement de constater que la musique capverdienne n’ai

plus son envergue et son influence d’il y a 15 ou 20 ans au Sénégal.

« Cette musique n’est plus consommée comme avant, elle est en perte de

vitesse au Sénégal », se désole Roger Sodade.

« Les messages et les demandes de musique capverdienne ne sont plus à

la page », constate l’ancien DJ, selon qui, la playlist des radios ne

contient que très peu de musique capverdienne.

« Lorsque je faisais la fièvre du samedi soir, les 70% de ma

discothèque était de la musique capverdienne. Les gens écoutaient

cette émission pour cela (…) », mais désormais. « La demande a

fortement baissé, car cette musique n’est plus représentée » comme il

faut sur la scène sénégalaise, note-t-il.

Selon lui, cette situation s’explique par le fait qu’il n’y a plus

d’organisateurs de manifestations musicales et culturelles engagés

dans ce créneau.

La conséquence dit-il c’est que les consommateurs n’ont plus

d’endroits où se retrouver autour de la musique capverdienne.

« Avant, les soirées coladeira sont les seules qui faisaient sortir les

plus de 50 ans. Aujourd’hui il n’y en a presque plus », tranche

l’animateur.

Cela dit, les mélomanes semblent s’être appropriés les « passa dia »

(passer la journée en créole capverdien), transformées en « xawaare »

avec des sonorités capverdiennes mélangées aux dernières tendances

mbalax. Ce qui ne semble pas constituer une consolation, si ce n’est

pas une dénaturation, à entendre Roger Sodade.

A la base, rappelle-t-il, les « passa dia » étaient organisées par la

communauté capverdienne pendant toute une journée et seule la musique

capverdienne assurait l’animation, « maintenant ce n’est plus le cas ».

Il évoque également de la « SanJon » – diminutif de Saint-Baptiste -,

une fête traditionnelle célébrée chaque 23 juin par la communauté

capverdienne au Sénégal.

« Quand je montais sur scène pour présenter la Sanjon, c’était plus

d’un millier de personnes regroupées au collège Sacré-Cœur car c’était

le seul espace qui pouvait accueillir autant de monde et c’était un

évènement attendu », se souvient l’ancien animateur. Cette célébration

peine aujourd’hui à rassembler grand nombre, déplore-t-il.

UNE RADIOTÉLÉVISION LUSOPHONE POUR FINIR

Après avoir créé sa propre agence spécialisée dans l’événementiel en

2017, Roger vient de mettre sur pieds sa propre chaîne de radio et de

télévision dénommée Sodade FM/TV, autour d’une programmation 100/100

lusophone.

Actuellement en phase test, les programmes de ce média seront selon

lui axés totalement sur les musiques et cultures du Cap-Vert, de

l’Angola, du Mozambique, du Portugal, de la Guinée Bissau, du Brésil,

etc.

« J’ai également mis en place une école de formation qui ouvrira

officiellement ses portes en janvier 2020, pour les jeunes qui veulent

se lancer dans les métiers de l’audiovisuel, plus précisément en tant

qu’animateurs radio et présentateurs TV », annonce-t-il.

A ces heures perdues, Roger Sodade, passionné par les pitbulls, élève

cette race de chiens depuis 10 ans. Il dit en avoir 5 chez lui, « ce

n’est pas du tout commercial, mais pour l’amour de cette race que je

trouve merveilleuse, et bien loin de ce que l’on en pense »,

conclut-il.

MF/BK

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