Dakar, 7 juil (APS) – La domestication du riz africain a été réalisée il y a 3 000 ans dans le delta intérieur du fleuve Niger, au nord du Mali, indique une étude internationale coordonnée par des chercheurs de l’IRD, et associant le CEA et le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice).
AfricaRice explique que les chercheurs ont pu en faire la démonstration, grâce au séquençage de plus de 246 génomes de riz africain – sauvages et cultivés.
»Ces résultats, publiés le 5 juillet 2018 dans la revue Current Biology , révèlent également comment les changements climatiques passés ont induit des transformations profondes des sociétés, notamment l’adoption de l’agriculture », fait observer AfricaRice, dans un article publié sur son site.
Troisième céréale la plus produite dans le monde après le blé et le maïs, le riz constitue la base de l’alimentation de près de la moitié de la population mondiale. De la famille des poacées, le riz se cultive pour sa graine, riche en amidon.
On distingue deux espèces cultivées majeures : le riz africain (Oryza glaberrima ) et le riz asiatique (Oryza sativa ).
»Ces espèces ont divergé génétiquement il y a environ un million d’années, bien avant leur domestication par l’Homme », relève Africa Rice.
Ces domestications se sont produites indépendamment en Asie et en Afrique, dans les 10 000 dernières années. Jusqu’à présent, les hypothèses scientifiques localisaient l’origine géographique de la domestication du riz africain en Afrique de l’Ouest. Pour autant, la zone précise et les circonstances ayant conduit à la domestication restaient floues.
Dans cette étude, les chercheurs de l’IRD, du CEA-Génoscope et d’AfricaRice ont étudié, dans le cadre du programme IRIGIN de France Génomique, l’intégralité des séquences de 246 génomes de riz africain : 163 variétés domestiques et 83 sauvages, récoltées au Sahel et en Afrique de l’Est. Ils ont ainsi généré la plus grande base de données génomique sur le riz africain disponible à ce jour et analysé la diversité génétique des espèces cultivées.
Grâce à ces données exceptionnelles, les scientifiques ont identifié le berceau de la domestication du riz africain, situé au nord du Mali, dans le delta intérieur du fleuve Niger, il y a plus de 3 000 ans. Cette découverte coïncide avec les traces archéologiques de domestication du riz trouvées dans la zone.
Par ailleurs, les chercheurs suggèrent que l’assèchement du Sahara serait à l’origine de cette domestication. Les populations de riz sauvage africain, récoltées par les habitants du Sahara à cette époque, auraient ainsi fortement diminué pendant l’assèchement du Sahara. La disparation progressive de ces ressources se serait traduite par l’émergence de la forme cultivée et du développement croissant de l’agriculture, il y a plus de 2 000 ans.
Ainsi, « les changements climatiques passés auraient fait émerger les civilisations agricoles africaines », précisent Yves Vigouroux et François Sabot, chercheurs à l’IRD qui ont coordonné l’étude.
ASG