Bruxelles, 1er juillet 2020 (ACP).-L’heure est venue pour la Belgique d’entamer un parcours de recherche, de vérité et de mémoire , a déclaré Mme Sophie Wilmes, Première ministre belge, à l’occasion de l’inauguration, mardi à Matonge, le quartier africain de Bruxelles dans la commune d’Ixelles, d’une plaque commémorative du 60ème anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo.
La chef du gouvernement belge, qui s’exprimait dans la salle du Conseil communal, a salué le geste du Roi Philippe qui avait envoyé, la veille, au Président de la RDC, M. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, une lettre dans laquelle il exprime ses « plus profonds regrets » pour les actes de cruauté et les souffrances commis, sous le règne du Roi Léopold ll, dans l’Etat indépendant du Congo et sous la colonisation belge.
Pour le chef du gouvernement belge, « la question colonialenécessite un débat approfondi et contradictoire, impliquant les différentes composantes belges et nos partenaires congolais». « La première chose à faire, a-t-elle poursuivi, c’est reconnaître que l’autre est en souffrance, a souffert », a-t-elle souligné, faisant allusion à la mise en place d’une commission parlementaire sur le passé colonial de la Belgique, « afin d’en tirer des enseignements ».
Selon Mme Wilmes, « il ne s’agit pas ici de réécrire l’histoire mais de mieux la comprendre. Car nous ne serons pas capables d’écrire véritablement de nouveaux chapitres de notre histoire commune sans connaître et reconnaître collectivement ceux qui les ont précédés. C’est indispensable pourconnaitre l’avenir », a-t-elle relevé. Elle estime cependant qu’en 2020, « nous devons être en capacité de regarder ce passé partagé avec lucidité et discernement ».
Un peu de vous en nous et de nous en vous
La Première ministre a reconnu que les communautés congolaise de Belgique et belge au Congo « participent, chacune, à la richesse et à la diversité de nos pays respectifs depuis tant d’années. Il y a un peu de vous en nous et de nous en vous », a-t-elle précisé.
Mais elle a aussi reconnu, « avec honnêteté », que si la Belgique « a toujours bataillé ferme contre le racisme et toute forme de discrimination, il reste encore du travail pour garantir l’égalité des chances pour tous ».
Selon elle, sa visite en RDC en février dernier a été pour elle l’occasion de « mieux connaître ce pays aussi beau que captivant ».Elle a souhaité à tous « une célébration de ce 60ème anniversaire d’indépendance de la RDC empreinte de joie, de fierté, de fraternité et de solidarité ».
Des réactions à la lettre du Roi Philippe
Les Congolais vivant en Belgique ont, dans l’ensemble, apprécié les « historiques » exprimés par le Roi des Belges à propos des méfaits de la colonisation.
Certes, certains les jugent tardifs ou « pas assez », mais beaucoup le remercient pour ce geste et reconnaissent que, dans la situation de la Belgique, le Roi a dit ce qui était de son niveau et de sa responsabilité.
Tout le monde espère que la commission mise en place par le Parlement belge et qui débute ses travaux en septembre prochain, pourra aborder la question du « droit de mémoire » et proposer que la Belgique présente des « excuses ».
Plaque commémorative des 60 ans d’indépendance
La Première ministre belge,a inauguré, ce 30 juin dans l’avant-midi, une plaque souvenir pour immortaliser les 60 ans de l’indépendance du Congo.
Placée sur un pan du mur de clôture de la Maison communale d’Ixelles, au quartier Matonge, la plaque mesure50 cm sur 80, avec les inscriptions « À l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo » en français et en néerlandais. Elle reprend également le début de la chanson mythique « Indépendance chacha » de l’African Jazz, chantée en 1960.
Tout le quartier Matonge s’est paré des couleurs du drapeau de la RDC, alors que plusieurs activités sont organisées à la même occasion, dont des ateliers et des conférences ainsi qu’une réception à la Maison communale d’Ixelles.
