Abengourou, 18 déc 2022 (AIP)- Le projet de solutions numériques pour le désenclavement des zones rurales et l’e-Agriculture (PSNDEA) est un projet du gouvernement ivoirien avec l’appui de la Banque mondiale pour soutenir la filière avicole qui s’était retrouvée sinistrée avec la crise de la Covid-19 en leur fournissant des poussins et des aliments pour aider les acteurs de cette filière à surmonter les difficultés.
Le projet a permis aux éleveurs de renouveler leur patrimoine et de se refaire économiquement. Toutes entreprises affiliées à l’organisation interprofessionnelle agricole de la filière avicole (IPRAVI) fonctionnent normalement alors que ces entreprises étaient destinées à disparaitre à cause de la pandémie
Une visite effectuée jeudi vendredi et samedi dans des fermes bénéficiaires à Niablé Abengourou, à Anuanua et Agnibilékrou après un an d’exécution du projet a permis à l’équipe du PSNDEA de vérifier la bonne livraison et utilisation des poussins et aliments et de constater surtout « la renaissance » de l’activité de l’élevage de poulets.
Cinq millions de poussins et 10 000 tonnes d’aliments pour 475 bénéficiaires
Le ministère de la Communication et de l’Économie numérique, porteur du projet PSNDEA a inscrit cette activité comme une priorité. Le soutien a consisté à fournir cinq millions de poussins et 10 000 tonnes d’aliments au 475 fermiers bénéficiaires référencés auprès du ministère des ressources animales et halieutiques. « La région de l’Indénié-Djuablin zone de prédilection de l’aviculture a reçu 55 % des poussins et aliments soit environ 2,6 millions de poussins et près de 6 millions de tonnes d’aliments distribués », a précisé le spécialiste e-Agriculture du PSNDEA en charge du volet avicole Koné Abdul Karim.
L’opération a débuté en 2020. Les livraisons ont commencé en 2021. Les éleveurs ont reçu des subventions de la part de l’État et du PSNDEA. Ils ont reçu de manière proportionnelle à leur production.
Les éleveurs de volaille reconnaissant à l’action de l’État
Mademoiselle N’Cho Anin Louise présidente de l’association nationale des aviculteurs de Côte d’Ivoire (ANAVICI) section Abengourou est bénéficiaire du projet. Elle a reçu 6 000 poussins chair et 12 tonnes d’aliments qui ont permis la reprise et le fonctionnement de sa ferme. Elle explique qu’en 2020 durant la crise sanitaire, « j’avais plus de 5 000 poulets de chair que je devais vendre pendant les fêtes de Pâques et comme les maquis étaient fermés, j’ai tout perdu. J’étais obligée de brader le poulet, de faire des dons et de chercher des fonds pour payer les employés », a relaté Mlle N’Cho. Grâce au projet PSNDEA, « j’ai pu construire deux autres bâtiments, avoir mon unité de fabrique d’aliments et ça m’a aidé à agrandir mon chiffre d’affaires », a-t-elle fait savoir.
Avant la Covid-19, Kouadio Ali Ouattara faisait une mise en place de 80 000 poulets par vague quatre fois dans l’année. Cet aviculteur de référence à Agnibilékrou avait perdu près de 72 millions F CFA et avait presque abandonné ses fermes à cause de la pandémie. « J’avais 60 000 poulets quand survint la Covid-19. La vente a été retardée compte tenu de la fermeture du marché à Abidjan et les poulets sont restés invendus et on a perdu la moitié de l’argent investi », a confié M. Kouadio.
Le spécialiste e-Agriculture du PSNDEA en charge du volet avicole Koné Abdul Karim dans une ferme à Abengourou
Avec une dotation de 60 000 poussins et 100 tonnes d’aliments reçus du projet lui a permis de relancer son activité d’éleveur et de rappeler les 48 employés qui étaient au chômage. L’aviculteur a pu construire un nouveau lot 25 000 têtes puis un autre de 40 000 têtes « le projet nous a vraiment arrangé », reconnait-il.
Kouadio Ali Ouattara bénéficiaire d’une subvention d’Abattage a décidé d’industrialiser son activité avec la création d’unité d’abattage d’une capacité de 5000 têtes jour et d’une unité de conservation d’une capacité de 40 000 poulets.
« Aujourd’hui, c’est une véritable satisfaction que nous exprimons. Nous observons que l’économie au niveau du département d’Agnibilékrou s’est réellement redynamisée. Les fermiers bénéficiaires sont tout heureux, les consommateurs sont heureux parce que les marchés sont achalandés et les prix stabilisés grâce au soutien de l’Etat, au PSNDEA et l’appui de la Banque Mondiale » s’est félicité le coordonnateur du PSNDEA Adjoumani Bofouo Parfait.
Le projet a aussi subventionné les revendeurs de la filière.
« C’est ce que nous avons appelé la vente à bas prix pour ne pas que la population ivoirienne subisse une augmentation des prix du poulet ni une rupture de stock en cette période de fête et de grosses activités », a expliqué le spécialiste de e-Agriculture Koné Abdul Karim.
Le projet prend fin en janvier 2023. Il aura permis aux populations de célébrer les fêtes de 2021, de 2022 en toute quiétude en termes de livraison de poulet sur les marchés. Les fêtes de 2023 jusqu’en mars 2023, nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de problèmes », a rassuré le coordonnateur.
Plaidoyer pour une subvention des aliments pour la volaille
Selon les aviculteurs, le sac d’aliment de volaille coûte trop cher. Le sac de 50 kg de poulet de chair est passé de 14 500 à 22 500 F. « Si le coût de production est cher, on est obligé de vendre cher, or en vendant cher les gens n’ont pas d’argent pour payer », a fait remarquer Kouadio Ali. Le souhait des aviculteurs, c’est que l’Etat continue l’aide et subventionne les intrants pour permettre aux éleveurs de produire moins cher pour mettre sur le marché des poulets moins chers.
Le PSNDEA est un projet qui a vocation à d’utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) au bénéfice du secteur agricole. Le projet est multisectoriel, il opère dans plusieurs domaines d’activités qui vont depuis la connectivité rurale dans des zones dépourvues de connectivité appelée zone blanche. Il s’occupe aussi de la plateforme numérique au bénéfice des agriculteurs pour les aider à commercialiser, à produire et à écouler leurs productions. Le projet a une composante en charge du reprofilage des routes rurales pour faciliter la circulation des produits agricoles.
