Dosso, 27 sep. (ANP) – Roger Capochichi, alias Roger le moine, cet artiste à la calebasse, musicien, chanteur compositeur, disparu de la scène depuis deux ans, vient de marquer son retour sur scène avec à l’affiche plusieurs projets culturels.
Il nous a fallu nous renseigner auprès de ses amis artistes pour retrouver ce baobab de la culture nigérienne.
‘’Voyez-vous’’, me dit-t-il, ‘’c’est le destin’’ s’est-t-il adressé au correspondant de l’ANP de Dosso qui voulait savoir, Comment cela est-il arrivé ?
C’est au cours, a-t-il expliqué, d’une promenade aux environs de 16 heures sur la route de Darey comme il en a l’habitude pour avoir de l’inspiration que Roger a constaté que subitement il a perdu la vision et c’est une femme de passage qui l’aida à rejoindre son domicile.
Pendant donc ces deux ans, Roger est resté couché sous les bons soins de sa famille et c’est un autre monde pour quelqu’un qui a l’habitude de trop bouger ; il a tout perdu même sa propre femme l’a abandonné à son sort.
Depuis lors, Roger s’est retranché dans sa modeste maison qu’il partage avec son frère enseignant de formation devenu par la force des choses son guide. C’est lui qui l’accompagne dans tous ses déplacements. Pendant la saison des pluies, le premier vice-maire de Dosso a beaucoup contribué à la réparation de la chambre dans laquelle vit seul Roger depuis le départ de sa femme.
C’est donc dans cette atmosphère de désolation qu’il a reçu un soir une visite inattendue d’un homme de culture en l’occurrence Moussa Hamani, responsable de l’ORTN de Dosso qui l’a, à maintes reprises, invité dans plusieurs émissions culturelles.
‘’Le handicap, lui-dit-il, n’est pas une fin’’. Cette visite a été le déclic pour le retour sur scène de notre artiste de la cité des Djermakoye.
C’est ainsi que Roger a marqué son retour, avec le soutien de certaines bonnes volontés qui ont créé une association dénommée « la Femme Samaritaine » dont l’objectif est de rassembler tous ceux qui ont des problèmes de vision et même ceux qui sont bien portant pour apporter leur contribution dans la vie associative.
Pour y parvenir, l’association envisage de créer un centre de formation en menuiserie, de soudure, et de peinture pour aider la jeunesse à apporter sa contribution dans le développement du Niger.
Aussi, Roger sollicite des autorités l’acquisition d’un terrain pour réaliser ce rêve. L’alphabet braille qu’il a appris lui sera d’un grand apport dans toutes ses activités.
Sur le plan musical, Roger a produit un album «Merci Bazoum» avec dix titres qui parlent de la sécurité, la paix, l’unité, les méfaits de la consommation de la drogue ainsi que les réfugiés et les immigrés, des thèmes qui figurent aujourd’hui dans le programme du président de la république.
Le vernissage est prévu en octobre suivi d’une grande exposition de la calebasse, au cours de la même cérémonie, une de ses tantes, Mme Issoufou Haoua Guéro, formatrice en couture a décidé de l’épauler avec une exposition d’habits pour enfants. Cette brave femme a, en effet, compris que la plupart de ceux qui perdent la vision, se retrouvent dans la rue à mendier. Pour y remédier, Haoua Guéro invite les autres formatrices à les accompagner afin d’arracher les non-voyants de la mendicité.
Roger Capochichi salue au passage le combat que mènent les dirigeants de la mairie de Dosso dans le cadre de la salubrité afin que la cité des djermakoye soit vraiment Sogha. Pour que cela se réalise, a notifié Roger, il faut que les populations apportent leur appui à toutes les actions d’intérêt cela pour le rayonnement de leur ville.
En projet, Roger le moine compte écrire un livre pour immortaliser toutes les difficultés qu’il a vécues pendant deux ans.
Ce livre, dit-il, sera dédicacé par un de ses amis devenu lui aussi non voyant à la même époque, Hamza Mohamed devenu cheik, vivant actuellement au Nigéria. Autre activité au programme de l’association « la Femme Samaritaine », l’organisation d’une caravane des non-voyants qui sillonnera l’ensemble du territoire national pour apporter aux populations le message de la paix, de la sécurité et de la construction nationale.
Il s’agit aussi de réaliser un film pour immortaliser toutes les activités. La réalisation du centre, a notifié Roger, le moine permettra aux non-voyants de vivre dans la dignité et mourir dans la dignité.
