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Le Domaine Bini, un exemple d’écotourisme « made in Côte d’Ivoire » (Reportage)


  4 Mars      177        Culture (1515),

 

Abidjan, 04 mars 2023 (AIP) – Situé à 51 km d’Abidjan, sur l’Autoroute de Nord, le Domaine Bini, spécialisé dans l’écotourisme basé sur les us et coutumes, est un havre de paix, une oasis de verdure et de plans d’eau, où se retrouvent en moyenne hebdomadaire, quelque 200 amoureux de la nature désirant se restaurer et se ressourcer.

L’AIP y a fait une incursion, le dimanche 26 février 2023, à la faveur d’une sortie détente initiée par l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI), pour clôturer en beauté la 24e édition du Week-end des Ebony. (Reportage)

Une idée géniale

« Nous sommes en même temps dans le passé et le présent. L’écotourisme nous permet de valoriser tout ce qui est bio », raconte Jean Marc Bini, le fondateur du concept Domaine Bini, créé en 2016, autour de normes écologiques. La protection des animaux y est de mise car la pêche et la chasse sont formellement interdites sur le site de 7 ha dont près de la moitié est aménagée.

Implanté en plein cœur d’une plantation d’hévéa et d’autres espèces ligneuses, le Domaine Bini offre des packages, en journée, qui commencent de 9H à 17H. Comme au village, les visiteurs sont accueillis à la traditionnelle avec « l’eau », à savoir le lait et la noix de coco et/ou du bandji (vin de palme). Les « nouvelles » sont demandées, ensuite la visite  peut débuter dans les plantations cacao, hévéa, ananas, palmier à huile… L’ambiance festive est entretenue grâce au doigté du groupe « wôyô », La Magie du Zouglou.

« Nous faisons une explication pédagogique et certaines démonstrations sur les plants. Pour exemple, nous avons la procédure de saignée d’un tronc d’hévéa, la dégustation d’une cabosse de cacao, la découverte d’une cabosse de cola, de certains animaux dans leur milieu naturel. Au retour de cette randonnée, les visiteurs sont accueillis à coup de jus naturels de bissap, de gingembre, de baobab, de tamarin (tomi), de fruit de la passion, d’orange, etc. Nous n’avons pas de jus manufacturés (soda et autres bières…), tout est naturel ici. Les récipients utilisés sont des mini calebasses à manches ou des coques de coco. Nous proposons nos produits tels que l’huile rouge, le beurre de karité, les thés, champignons et noix séchées, babouches, pagnes tissés… dans notre boutique sur place », explique-t-il.

Le festin des 10 doigts peut démarrer. Le menu, varié, est dégusté en « aller-retour », c’est-à-dire, à satiété. Seul principe, finir son plat car le gaspillage de nourriture n’est pas admis, prévient l’hôte. « On ne vous nourrit pas parce que vous avez faim, mais plutôt parce que c’est la deuxième activité de la journée. Il y a presque tous les mets ivoiriens en sauce et en braisé, en plus de quelques fritures (alloco, patates, ignames) cuisinés de façon naturelle, à l’ancienne, sans additifs. Un goût que les visiteurs apprécient ». L’après-midi est meublée d’activités ludiques telles que des jeux de société, l’awalé, la pétanque, la tyrolienne, etc. « Il y a aussi le bain d’argile qui est comme une cure de jouvence… Nous mangeons avec les doigts », précise Jean Marc Bini.

Les récipients utilisés sont en terre cuite ou en bois taillés (talié), et des feuilles d’attiéké comme assiettes.

Pour ceux qui continuent le séjour en soirée, il est proposé un diner aux chandelles, des contes et légendes autour d’un feu de camp et un « bal poussière » pour ceux qui n’ont pas sommeil. Donc tout est traditionnel.

Le fonctionnement en mode écologie

Pour la consommation des aliments, il y a des potagers non loin du camp et même des plantations de vivriers. » En dehors des petits ruminants (agoutis, rats…) chassés dans les champs, nous avons des fermes où nous élevons le poisson, la volaille et le petit bétail (moutons, porcs) de façon biologique… », affirme M. Bini.

La nuitée se passe dans des cabanes un peu surélevées (sur pilotis) sans murs et bien protégées par une bulle de moustiquaires imprégnées. Les toilettes sont sèches et le domaine marche à l’énergie solaire.

Le déclic

« J’ai pratiquement grandi et fais toutes mes classes au Canada. Mais étant adolescent, mon père me faisait venir pendant les vacances et nous partions au champ. J’ai fait le scoutisme, ensuite la planche à voile. Nous menions des activités avec une association et on visitait la Côte d’Ivoire profonde chaque année en février. J’étais donc en permanence dans la nature. Etant au Canada, j’ai aussi constaté que dans ce vaste pays, les habitants aiment être en contact avec la nature. J’ai eu un déclic ! Bien qu’étant citoyen canadien, je décide de rentrer en brousse dans mon pays sans détruire la forêt. Nous cherchons tous l’argent, mais c’est venu tout naturellement, simplement. Je n’ai pas eu à forcer pour créer ces camps, qui me permettent de partager ma passion, ma vie », rapporte Jean Marc Bini.

Il soutient qu’après avoir mis ce concept innovateur, il constate que cela a trait au développement durable, à la protection des forêts et à la préservation des us et coutumes.  Les premières années, 90% des visiteurs étaient composés d’Européens, mais de plus en plus, il y a 70% d’Africains, avec une moyenne de 200 personnes/semaine en temps ordinaire. Mais ce nombre grimpe pendant les fêtes, les congés et/ou les grandes vacances…

Les perspectives

« Nous avons d’autres sites qui désengorgent le Domaine Bini avec par exemple Bini Lagune où se font les balades en pirogues, la planche à voile… avec les villageois. Nous sommes en partenariat avec l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) sur un projet pilote pour les sites de Dalhia Fleur (Bingerville) et du Parc national d’Azagny (Grand Lahou). Aussi, avec la SODEFOR, nous devons implémenter et aménager cinq à six forêts. Cet aménagement consiste à créer une vie dans un site naturel sans rien détruire. Et du coup, les villageois aux alentours y travaillent et se rendent comptent qu’ils n’ont pas besoin de détruire leurs forêts, étendre leurs plantations pour avoir de l’argent. Tout le monde gagne puisque la surveillance forestière est relâchée: les plantations sont visitées, les braconniers arrêtent leurs activités au risque de tirer sur un touriste, certains sont formés pour être guides touristiques. Nous sommes une solution technique pour chaque structure », se réjouit-il.

Une vision

« La Côte d’Ivoire, dans tout son périmètre est naturellement très riche, il suffit d’organiser l’exploitation de cette richesse.

Pour exemple, des personnes payent chèrement pour aller marcher une semaine dans le sable au désert, parce que c’est organisé. Si une personne veut découvrir une région telle que celle de Man, ses us et coutumes, ses danses, ses masques, ses montagnes… Cette région est une cacophonie de richesse ! Mais il suffit d’être organisé, structuré. Il ne faut pas chercher à prendre l’argent des touristes ou en donner forcément aux villageois, mais plutôt leur donner toute la satisfaction possible. Ils te donneront le meilleur d’eux-mêmes en retour », déclare-t-il.

Le personnel du domaine est issu du village riverain, « Petit Danané », renchéri le guide Kouamé N’Guessan, responsable de Bini Forêt, lors d’une randonnée.

exemple, des personnes payent chèrement pour aller marcher une semaine dans le sable au désert, parce que c’est organisé. Si une personne veut découvrir une région telle que celle de Man, ses us et coutumes, ses danses, ses masques, ses montagnes… Cette région est une cacophonie de richesse ! Mais il suffit d’être organisé, structuré. Il ne faut pas chercher à prendre l’argent des touristes ou en donner forcément aux villageois, mais plutôt leur donner toute la satisfaction possible. Ils te donneront le meilleur d’eux-mêmes en retour », déclare-t-il.

Le personnel du domaine est issu du village riverain, « Petit Danané », renchéri le guide Kouamé N’Guessan, responsable de Bini Forêt, lors d’une randonnée.« Notre concept est + un écosystème, un village, une activité écotouristique+.  La Côte d’Ivoire peut devenir le leader de l’écotourisme dans le monde, mais cela suppose une meilleure organisation. Toute modestie mise à part, au bout huit ans d’activité, nous comprenons avoir créé quelque chose de bon. Il y a le tourisme des affaires, culturel, de nature… Ce dernier point n’est pas de l’écotourisme, qui lui, implique que le visiteur apprécie non seulement la nature, mais également les us et coutumes, les rivières sacrées, les bois sacrés de ceux qui y vivent et puisse lui-même en profiter. A la fin de son séjour, il vient de faire de l’écotourisme. Tout cela est aussi un mécanisme pour que les forêts et des choses sacrées, les cultures traditionnelles positives et la biodiversité soient maintenues pour les générations futures », espère le concepteur du domaine Bini.

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