Le Caire, 23/05/2024 (MAP), La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a mis en exergue, lors des réunions annuelles conjointes des institutions financières arabes tenues jeudi au Caire, l’expérience marocaine en matière d’intégration des politiques budgétaires et monétaires pour gérer les chocs et renforcer la résilience.
Lors d’un panel sur « Les politiques du secteur financier dans la gestion des chocs et le renforcement de la résilience en situation d’incertitude », auquel ont participé des responsables d’institutions financières arabes et internationales, M. Fettah a indiqué qu’à l’instar de la plupart des autres pays, le Maroc n’a pas été épargné par la hausse mondiale des niveaux d’inflation.
Depuis le début de l’année 2022, le Royaume a été affecté par une hausse sans précédent des prix internationaux de l’énergie et des produits alimentaires suite à la reprise économique mondiale après la pandémie du COVID-19, les tensions géopolitiques et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, a-t-elle fait remarquer.
Ces pressions externes se sont progressivement répercutées sur les coûts de production et les produits locaux pour se transformer en pressions internes, exacerbées par les chocs d’approvisionnement internes qui ont affecté certaines denrées alimentaires en raison des années successives de sécheresse et de stress hydrique que connaît le Maroc, a expliqué la ministre.
Dans ce contexte, a relevé Mme Fettah, « Bank al Maghrib » a changé l’orientation de sa politique monétaire pour la première fois depuis 14 ans, à partir de septembre 2022, en relevant le taux d’intérêt directeur trois fois de suite d’un total de 150 points de base pour le porter à 3%, soulignant que cette approche restrictive de la politique monétaire, en ligne avec la tendance mondiale des banques centrales, a permis d’éviter l’aggravation des prévisions d’inflation afin de faciliter leur retour aux niveaux souhaités.
S’agissant de la politique budgétaire du gouvernement, la ministre a fait savoir qu’afin de contenir les effets négatifs des chocs économiques, y compris les pressions inflationnistes, des mesures budgétaires d’urgence et ciblées ont été adoptées pour atténuer les effets de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des familles.
Le gouvernement est intervenu dès les premiers signes d’inflation à travers un ensemble de mesures urgentes telles que la poursuite des subventions de certains produits de base à travers la Caisse de compensation et l’octroi d’un soutien exceptionnel aux professionnels du secteur des transports routiers, a-t-elle rappelé.
De même, a-t-elle poursuivi, les droits de douane sur les importations de blé et des légumineuses ont été suspendus, la taxe sur la valeur ajoutée a été exonérée pour les produits et équipements importés à usage exclusivement agricole, alors que des transferts exceptionnels ont été alloués pour soutenir certaines institutions publiques dont la situation financière était affectée par l’envolée des prix des matières sur les marchés internationaux, en échange du maintien de la stabilité des prix de leurs services.
Le Royaume, conscient de la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la résilience de la production agricole face à la rareté des précipitations et aux changements climatiques et, partant, améliorer l’approvisionnement en produits agricoles, a lancé une série de mesures visant notamment à adapter la stratégie « Génération Green » à ces défis et maintenir l’équilibre des chaînes de production afin d’assurer l’abondance des produits à des prix raisonnables et concrétiser des projets de dessalement de l’eau de mer à des fins agricoles en préservant et pérennisant les ressources en eau, a-t-elle poursuivi. Selon Mme Fattah, la politique monétaire adoptée par Bank Al-Maghrib, parallèlement aux mesures proactives et exceptionnelles du gouvernement pour faire face aux effets de la sécheresse et appuyer les produits agricoles, a contribué à stopper l’inflation, ce qui a permis à cette institution de freiner le cycle du durcissement monétaire à partir de juin 2023 en maintenant le taux d’intérêt principal stable à 3%, prenant en compte les délais de transmission de ses décisions à l’économie réelle et la baisse tangible de l’inflation.
La ministre a indiqué, par ailleurs, que parallèlement aux mesures conjoncturelles visant à limiter les effets des chocs successifs, le gouvernement s’efforce d’accélérer la cadence des réformes structurelles en adoptant une politique instaurant un équilibre entre les besoins de financement durable des projets de réforme et la reconstitution des marges budgétaires, dans un contexte marqué par la nécessité de l’accélération de la croissance, la création des opportunités d’emploi et le renforcement des capacités de résilience de l’économie nationale face aux crises.
Et de noter que la politique budgétaire s’appuyait sur plusieurs leviers notamment ceux concernant le renforcement du cadre des finances publiques, la poursuite des réformes du système fiscal et du système de soutien en réduisant progressivement les dépenses de compensation parallèlement à la mise en place d’un système de soutien direct basé sur un ciblage optimal des groupes vulnérables et nécessiteux.
Il s’agit aussi, a ajouté la ministre, de la poursuite de la réforme des institutions publiques et du secteur de la sous-traitance, et le développement de mécanismes de financement innovants basés sur des partenariats avec des investisseurs institutionnels et le secteur privé, en parallèle avec l’activation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, en tant qu’outils de financement alternatifs prometteurs pour financer de grands projets et encourager les investissements du secteur privé.
L’objectif, a fait savoir Mme Fattah, est de garantir la poursuite de l’effort d’investissement de l’État et l’amélioration de son efficacité tout en réduisant la pression sur les ressources publiques et le recours à l’endettement.
La ministre a souligné que les mécanismes de garantie et de financement ont été, également, renforcés pour soutenir l’accès des entreprises aux sources de financement, évoquant, dans le même cadre, le renforcement du système national de garantie en consolidant le principe de contrôle préalable des dotations budgétaires pour limiter le recours aux finances publiques et en soumettant la Caisse Centrale de Garantie (CCG) aux règles de précaution sous la supervision de Bank Al-Maghrib pour stimuler et faciliter l’accès des petites et moyennes entreprises au financement