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Côte d’Ivoire-AIP/ La formation professionnelle continue, une alternative pour booster l’employabilité des jeunes reconvertis (Feature)


Abidjan, juin 2023 (AIP)- L’annonce faite par le Président Alassane Ouattara de dédier l’année 2023 à la jeunesse rime avec une dévotion nationale à favoriser l’insertion à travers une employabilité des jeunes répondant aux besoins du marché. La formation professionnelle continue semble être une alternative pour l’atteinte de cet objectif. Ces jeunes dont l’âge est compris entre 18 et 35 ans, ont pour la plupart, un niveau allant de la Troisième à la Terminale. D’autres ont en main le Baccalauréat, le Brevet de technicien supérieur (BTS) dans des filières professionnelles, la Maîtrise, le Master 1 ou 2. Ils sont en quête d’emploi. Souvent exténués par l’attente, ils optent pour une reconversion de formation, à travers « l’Ecole de la deuxième chance » qui leur ouvre l’accès aux entreprises selon leurs besoins d’embauche.

Etat des lieux de la formation professionnelle et de l’apprentissage en Côte d’Ivoire

Le rapport sur l’Enquête nationale de l’emploi (ENE), élaboré en 2019, indique que la population des personnes ni en emploi, ni en formation, ni en éducation, dans la tranche d’âge de 16-35 ans est passée de 1 475 873 jeunes en 2016 à 2 322 382 en 2019, soit une augmentation de 57%. Plus de six millions de jeunes en Côte d’Ivoire sont sans emploi ou mal insérés. Le taux d’insertion des diplômés de la Formation professionnelle et de l’Enseignement supérieur est de 31,7%, selon le rapport.

« La Côte d’Ivoire en chantier, enregistre un besoin de main-d’œuvre qualifiée au niveau du secteur productif, ce qui suscite un recours de plus en plus fréquent à la main-d’œuvre formée hors du pays pour des emplois parfois de niveau ouvrier, ouvrier spécialisé ou technicien », révèle le rapport diligenté par le ministère de l’Enseignement technique, la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (METFPA).

En outre, l’étude souligne une inadéquation formation/emploi pour répondre aux besoins du secteur productif. « Ce dysfonctionnement est notamment dû aux besoins non identifiés des entreprises, à l’absence d’une politique de recyclage des enseignants, à l’absence d’un processus de veille sur la pertinence des curricula de formation. »

D’après le rapport, « la capacité d’accueil du dispositif de formation est limitée par rapport à la demande. Sur les 67 établissements existants, en 2019, seulement 28 ont fait l’objet d’une réhabilitation complète ou partielle depuis leur création. Les plateaux techniques sont obsolescents. »

Toutefois, le ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage, N’Guessan Koffi, souligne que « des efforts considérables menés dans le cadre de la réhabilitation et de l’équipement des établissements, ont permis d’avoir neuf établissements réhabilités en 2022 ».

En 2020, l’effectif des apprenants enregistré par l’ETFPA était de 123 546 soit 6,27% de l’ensemble des effectifs du secondaire. L’objectif du gouvernement est de relever ce taux de 15% à 20% en 2030. Ces constats effectués par une étude relevant du METFPA, ont suscité la mise en place d’une politique visant à résorber cette situation.

La politique mise en place par le ministère et l’apport du secteur privé à travers l’Ecole de la deuxième chance et l’Académie des talents

Créé le 06 avril 2021, le METFPA a pour vision de « repenser et de revaloriser l’enseignement technique, la formation professionnelle et l’apprentissage pour soutenir le développement socio-économique en vue de l’émergence rapide de la Côte d’ivoire », affirme le ministre N’Guessan Koffi. Cette vision est axée sur deux programmes majeurs que sont l’École de la deuxième chance (E2C) et l’Académie des talents (ACT).

L’École de la deuxième chance est un programme de reconversion professionnelle des jeunes en vue de leur insertion conformément aux besoins des entreprises, mis en œuvre dans le cadre de la deuxième phase du Programme social du Gouvernement (PS Gouv 2).

« Le Programme de l’E2C est soutenu par le gouvernement du Premier ministre Patrick Achi dont la préoccupation majeure est la recherche de stratégies pour résorber l’important stock de jeunes diplômés sans emplois, déscolarisés ou mal insérés en activité », relève N’Guessan Koffi. Il vise à l’horizon 2030, à traiter un stock d’un million de jeunes sans emplois ou mal insérés, avec un objectif intermédiaire de 400 000 jeunes dans le cadre de la mise en œuvre du PSGouv 2 sur la période 2021-2024.

Ce programme s’inscrit dans la mission du ministère de l’Enseignement technique qui est « de répondre à la demande en formation des populations pour leur insertion dans la vie active, de favoriser leur promotion socioprofessionnelle et de satisfaire les besoins des entreprises en personnels qualifiés en vue d’améliorer leurs performances et leur compétitivité », déclare le chargé de communication du ministère, Fofana Ali.

L’E2C permet de résorber, par le biais de la formation professionnelle, le stock de personnes en quête d’insertion professionnelle durable. Ce programme de formation de masse donne prioritairement aux bénéficiaires l’opportunité d’acquérir des compétences professionnelles et, si nécessaire, d’être accompagnés dans un projet d’insertion.

Le programme de l’E2C est réparti en quatre composantes. Tout d’abord, le déploiement de l’apprentissage. Ce mécanisme consiste au développement de chantiers d’application entre autres les chantiers écoles pour la formation des jeunes déscolarisés aux métiers des travaux publics sur les chantiers avec, à la clé, un Certificat de compétences reconnu par le secteur public et privé, les garages-écoles dont le premier est en construction à Abobo (Abidjan Nord), avec un taux de réalisation de plus de 80 %, le 2e est prévu à Yopougon (Abidjan Ouet) et un troisième à Sinématiali (Nord ivoirien).

Le développement de chantiers d’application comporte également la construction et l’équipement de Centres de formation d’apprentis (CFA), la mise en œuvre de programmes d’apprentissage tels que le PEJEDEC 3, le C2D2.

L’autre composante de l’E2C est la professionnalisation des métiers, notamment la formalisation des parcours de formation avec les professionnels, le développement des curricula avec les professionnels, le renforcement des capacités des maîtres artisans, le développement des programmes de reconversion professionnelle, la mise en œuvre de la Validation des acquis de l’expérience (VAE).

Puis vient la réalisation de projets de formation/insertion émanant du secteur productif, à savoir la réalisation de projets pilotes, la mise en place d’un cadre institutionnel, la création de Certificats de Qualification Professionnelle (CQP), le Suivi-évaluation des projets et du dispositif.

L’E2C inclut, par ailleurs, des programmes en faveur des personnes vulnérables tels que l’appui aux populations vulnérables du Nord, la réinsertion sociale des prisonniers, les actions en faveur de la jeune fille, la réinsertion sociale des enfants en conflit avec la loi, les actions en faveur des personnes en situation de handicap.

C’est dans ce cadre qu’en 2022, quelque 2 000 jeunes apprentis ont été formés dans les métiers du BTP, mécanique, 35 jeunes, futurs enseignants de l’ETFPA, ont été formés à Egletons en France, dans les métiers du BTP (topographe et machiniste), à la faveur d’une collaboration avec l’Ageroute et le Club Abidjan ville durable. Une première cohorte composée de 142 jeunes a été formée aux métiers de la grande distribution, entre autres, la boulangerie et pâtisserie, charcuterie fromage traiteurs, fruit et légumes, à Abidjan. Le projet de la grande distribution émane d’un partenariat entre le ministère de l’Enseignement technique avec un consortium de la grande distribution composée des groupes SOCOCE, Carrefour, CDCI, PROSUMA pour une formation stage et emploi dans ces enseignes, selon leurs besoins.

En 2022, une deuxième cohorte composée de 500 jeunes a bénéficié de ce partenariat avec un taux d’insertion de 88, 8%. Le projet de la grande distribution vient lutter contre le chômage, contre le sous-emploi des jeunes et tient ses promesses d’insertion, de qualification et de satisfaction des entreprises partenaires, déclare la cheffe du projet grande distribution au METFPA, Tadé Zougnon Kipré Sonia.

Aussi, le ministère a-t-il orchestré la formation par apprentissage de 4 000 jeunes dans 32 établissements. De plus, 150 jeunes habitants des villages de Sokorogo, de Lafigué, de Fenessiguedougou, de Tolédougou, d’Oualeguéra et de Koundodougou, dans les sous-préfectures de Dabakala, Boniérédougou et de Katiola (Centre-Nord, région du Hambol) ont été recrutés et formés dans les secteurs des mines et du BTP, dans le cadre du Projet Employabilité et Entrepreneuriat LAFIGUE.

Encore à la faveur de l’E2C, 130 jeunes apprentis Ivoiriens (5 chaudronniers, 11 coffreurs Bâtiment, 40 conducteurs d’engins, 14 maçons, 23 mécaniciens d’atelier, 31 topographes et 6 photographes-caméramans) seront en formation en France, dans le cadre du projet de formation et d’insertion dans les métiers du BTP, photographe et cameraman. Une première vague de cette deuxième cohorte a pris son vol pour Egleton, samedi 3 juin 2023, pour une formation de sept semaines.

Il est prévu enfin, fin juin 2023, le lancement de la troisième cohorte pour le recrutement, la formation et l’insertion de 600 jeunes dans les métiers de la grande distribution à Abidjan. La particularité de cette phase est l’ouverture à l’intérieur du pays, précisément à Bouaké de la formation stage emploi de 100 jeunes à la CDCI de Bouaké. Cette phase du projet verra l’intégration de la Coopération allemande (GIZ) pour la prise en compte de l’équipement des centres de formation, a indiqué le directeur des ressources humaines du Carrefour, Traoré Souleymane.

La GIZ interviendra également au niveau de la formation des formateurs, indiquait la représentante de l’agence, Aurore Glenat, lors d’une réunion des partenaires du projet la grande distribution à l’AGEFOP.

Le ministère procédera en juin-juillet 2023 au lancement du recrutement pour la Formation et l’insertion de 5 000 jeunes dans les métiers du sport en prélude à la CAN 2023 qui se tient du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire.

« Le programme de l’E2C est une réalité. C’est du concret. Nous allons poursuivre sa mise en œuvre conformément à l’engagement de son Excellence Alassane Ouattara, président de la République, de faire de 2023, l’année de la jeunesse », précise le ministre N’Guessan Koffi.

Docteur Gboga Jean Bruce, expert auprès du ministre chargé des projets d’infrastructures, soutient que le problème de l’employabilité est fortement lié à une méconnaissance des jeunes, par rapport à leurs orientations dans la vie professionnelle. « Il y a des métiers porteurs tels que la conduite d’engins, la maçonnerie, le métier de peintre, d’électricité, les métiers de BTP qui s’étendent à tout échelon de diplomation, de l’ouvrier jusqu’au doctorat. Il est nécessaire d’en faire la communication », estime-t-il.

La Côte d’Ivoire est un pays émergent, il y a donc beaucoup de métiers qui découlent des chantiers en construction. Les jeunes doivent regarder à l’évolution des chantiers économiques du pays et s’orienter vers les métiers porteurs. Non seulement aimer ces métiers mais les pratiquer, car il est important de les aimer, afin de pouvoir évoluer dans leur choix, poursuit-il.

L’autre programme majeur sur lequel s’appuie le gouvernement pour rehausser la qualité de l’enseignement technique, la formation professionnelle et l’apprentissage en Côte d’Ivoire est “l’Académie des Talents (ACT)“.

L’académie des talents consiste en la revalorisation du dispositif de formation initiale de l’ETFPA, afin de mieux soutenir la croissance économique du pays, par un enseignement de qualité. Concrètement, le programme ACT permet de renforcer la capacité d’accueil de l’ETFPA et d’améliorer ses rendements par une offre de formation crédible, qui attire le maximum de jeunes et leur fournit une qualification susceptible de favoriser une insertion professionnelle durable, affirme N’Guessan Koffi.

Par la mise en œuvre de ce programme, le ministère vise à l’horizon 2030, un taux d’insertion professionnelle de 80% pour les diplômés de l’ETFPA. Pour atteindre cet objectif, l’ACT œuvre, entre autres, à l’amélioration de l’accès au dispositif de l’enseignement, au renforcement des capacités des personnels, au déploiement des classes préparatoires CAP sur l’étendue nationale, à assurer l’adéquation Formation-Emploi.

Dans ce cadre, les établissements Celia Treichville et Lycée professionnel de Ferkessédougou ont été complètement réhabilités et équipés. Les établissements LPC de Yopougon et le Lycée technique de la même commune sont en rénovation. Des lycées et centres de formation professionnelle précisément à Jacqueville, Bouaké, Bondoukou, Daoukro ont été partiellement réhabilités et équipés. Les internats de deux établissements à Jacqueville et Man ont été réhabilités.

De nombreux projets à réaliser sont étalés sur plusieurs années. Ainsi, les projets encore en cours depuis 2021 portent notamment sur la construction et l’équipement d’un centre de formation dédié aux énergies renouvelables à Yopougon, la construction de sept établissements de formation professionnelle à Diabo, Yamoussoukro, Dabakala, Kong, Korhogo, Ebimpé et Gbéléban.

Sont également en cours de réhabilitation et d’équipement, le Lycée technique d’Abidjan avec un taux d’exécution des travaux de 57% et le Centre bureautique de communication et de gestion (CBCG) de Cocody (40,9%), des lycées et Centres de formation professionnelle (CET d’Adzopé, CFA de Yopougon).

Le programme L’Académie des talents a permis en 2022, le renforcement des capacités de 235 membres du personnel, la formation en France de 33 enseignants des Lycées Hôteliers dans le cadre d’un partenariat entre le METFPA et FERRANDI Paris (Education consulting).

Du 18 mai jusqu’au 18 juillet, 20 inspecteurs pédagogiques et formateurs de formateurs du METFPA effectuent un voyage d’études en Corée du Sud dans le cadre d’un programme d’appui et de renforcement des capacités des instructeurs de l’enseignement technique de l’Institut pédagogique national de l’enseignement technique et professionnel (IPNETP).

Quinze cadres centraux du METFPA séjournent en Corée du Sud, du 05 au 20 juin 2023, pour s’imprégner de son modèle de formation professionnelle et technique.

Neuf professeurs de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle et un encadreur sont en formation à l’Institut national des sciences appliquées de Lyon dans le cadre de la session de formation des enseignants de l’ETFP par les experts français de Technologie et Sciences Industrielles (TSI).

Ainsi, les programmes l’Ecole de la deuxième chance et l’Académie des talents mis en œuvre par le ministère de l’Enseignement technique viennent apporter un souffle nouveau à la formation professionnelle et l’apprentissage en Côte d’Ivoire et une lueur d’espoir pour les jeunes apprenants et diplômés.

Un rayon d’espoir pour les jeunes diplômés

Recruté dans le projet de la grande distribution, Irié Bi Irié Maxime a suivi une formation de six mois en boucherie qui s’est soldée par un Certificat de qualification professionnelle (CQP), avec lequel il exerce depuis six mois dans une entreprise privée en tant que boucher professionnel. Après l’obtention de son Baccalauréat série A en 2021, il est orienté dans une université privée d’Abidjan pour faire des études en Ressources humaines et Communication. Ses parents étant dans l’incapacité d’assurer financièrement ses études, il ne peut s’inscrire pour suivre les cours. Maxime décroche un poste de vigile. Après une formation dans ce domaine qui le conduit dans les locaux du ministère de l’Enseignement technique en tant que vigile, il échange, lors d’une rencontre fortuite avec le ministre N’Guessan Koffi. Il postule alors pour le projet de grande distribution et devint boucher professionnel dans une entreprise, couvert par un contrat à durée déterminée. « Satisfait du salaire, qui est le double de ce qu’il recevait en tant que vigile », Maxime veut « poursuivre sa perfection dans ce corps de ce métier boucher professionnel peu répandu en Afrique ».

Préalablement pompier civile, Kouablan Prisca, en quête d’emploi, postule pour l’Ecole de la deuxième chance et est retenue pour être conductrice professionnelle d’engin. Après un séjour de perfectionnement à Egleton (France), elle reviendra intégrer une entreprise où elle sera embauchée dans sa reconversion professionnelle.

Sur une population de 29 389 150 habitants, les personnes de moins de 35 ans représentent 75,6%, soit 22 218 197 citoyens, indique le 5e Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2021).

Selon le ministère de l’Enseignement technique, plus de six millions de jeunes en Côte d’Ivoire sont sans emploi ou mal insérés. L’Ecole de la deuxième chance et l’Académie des talents paraissent comme des opportunités à saisir par de nombreux jeunes pour répondre à leur besoin d’emploi. Toutefois, une autre frange de jeunes se donne une troisième chance à travers l’entreprenariat.

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