Porto-Novo, 08 Juin (ABP)– Inculpés d’assassinat, les sieurs Sanni Orou Ganni et Gouagui Yorou Gado ont comparu à la barre, ce jeudi, dans le cadre de l’examen de la vingt-un-unième affaire inscrite au rôle de la première session 2018 de la cour d’assises de Parakou. Ils ont été déclarés coupables de l’infraction, et condamnés chacun à sept (07) ans de réclusion criminelle.
Selon le résumé des faits, le village de Timbouré dans la commune de Bembèrèkè a été confronté à des cas de décès provoqués par la sorcellerie et des pratiques de charlatanisme.
Ainsi, certains membres influents du village, courant 2002, ont tenu une réunion et décidé, au nom de la population, de sanctionner de mort toute personne convaincue de pratiques de charlatanisme et de sorcellerie.
Courant 2010, Bio Kpingouré Gnanki N’Douro a été soupçonné d’être à l’origine du décès par envoûtement du jeune Orou Adam après l’avoir empoisonné.
Certains individus de Timbouré, en application disent-ils de la loi du village, notamment, les sieurs Sanni Orou Ganni et Gouagui Yorou ont lynché et donné la mort à feu Bio Kpingouré Gnanki N’Douro qu’ils ont soupçonné d’être responsable de la mort de feu Orou Adam.
Des constatations, il ressort que le corps de la victime présente plusieurs lésions au crâne avec des impacts de cartouche de calibre 12.
A la barre, les deux accusés ont reconnu les faits mais estiment qu’il s’agit d’une vindicte populaire dont plusieurs mis en cause sont délaissés dans le village Timbouré. Ils demandent pardon aux membres de la cour pour les faits mis à leur charge.
Le ministère public représenté par Me. Alexis Métahou a demandé à la cour de déclarer les sieurs Sanni Orou Ganni et Gouagui Yorou Gado, coupables de l’infraction selon les dispositions des articles 295, 298 et 302 du code pénal, et de les condamner chacun à 07 ans de réclusion criminelle
Quant aux avocats-conseil des accusés notamment Me Samari Moussa Mamadou et Me Claude Tekounti, tout le monde à divers niveau est coupable dans cette affaire. Parce que, justifient-ils, les accusés ont agi légitimement selon la décision de certains membres influents de leur village prise courant 2002.
Mieux, poursuivent-ils, le cas de la victime Bio Kpingouré Gnanki N’Douro n’est pas le premier dans ce village, et il aurait fallu arrêter la saignée depuis 2002, surtout que des autorités existent dans cette commune.
Dans leur plaidoirie, les avocats ont demandé à la cour de tenir surtout compte des diverses circonstances atténuantes dans le délibéré et de condamner les accusés aux peines passées en prison.
La lecture des pièces des accusés a permis de savoir que leurs bulletins N°1 du casier judiciaire sont vierges, au moment des faits.
L’enquête de moralité des accusés est favorable et les rapports d’expertise médico-psychologique et psychiatrique confirment qu’ils ne souffrent pas de trouble mentale au moment des faits.
La cour, au terme de l’audience, a déclaré les sieurs Sanni Orou Ganni et Gouagui Yorou Gado, coupables de l’infraction selon les dispositions de l’article 233 du code pénal et les a condamnés, chacun, à 07 ans de réclusion criminelle.
Etant sous mandat de dépôt depuis le 25 Juillet 2011, ils retournent en prison pour purger le reste de leurs peines.
La cour était composée, du président Ignace Edouard Gangny, des assesseurs Gomina Séidou Abdou-Moumouni et Théodore Houdégbé, et le greffier Brice Dossou-Yovo à la plume.
ABP/RAD/EG/AE