Libreville, 14/12/2022 (MAP) – Les Lions de l’Atlas ont accédé, dans un exploit sans précédent dans le Continent africain et le monde arabe, aux demi-finales de la Coupe du monde (Qatar-2022), aux dépens de grandes nations du football mondial.
L’ancien international gabonais, ex-capitaine des Panthères, Paul Ulrich Kessany, a disséqué dans une interview accordée à la MAP cette belle qualification et analysé les clés ayant permis aux Lions de l’Atlas de figurer dans le carré des grands.
La qualification historique du Maroc aux demi-finales de la coupe du monde : Quels sont votre commentaire et vos appréciations ?
Elle est historique pour le Maroc, pour l’Afrique et pour les pays Arabes. Trente-six ans après avoir atteint les huitièmes de finale au Mexique avec la génération Timouni, Badou Zaki et Aziz Bouderbala, les Lions de l’Atlas viennent de briser le plafond de verre, en étant la première nation du Continent à arriver en 1⁄2 finale. Une performance de très haut niveau (1er du groupe avec 7 points), dans un groupe relativement difficile.
A relever aussi que le Maroc est la meilleure défense de ce Mondial, ce qui démontre à souhait la solidité à toute épreuve de cette équipe.
Comment analysez-vous le jeu tactique du Maroc ?
Arrivé en août dernier, Walid Regragui a réussi, en si peu de temps, à faire adhérer les joueurs à sa philosophie. Evoluant en 4-3-3, l’entraîneur marocain fait preuve de flexibilité tactique, en misant sur une solidité défensive avec 1 but encaissé en 5 matchs.
Selon moi, la touche Regragui est l’un des ingrédients fondamentaux, ayant totalement changé le visage de cette équipe. Ancien international marocain, il est très proche de ses joueurs, avec qui, il partage beaucoup de points communs.
Il connaît bien la culture du pays et sait adapter son discours pour faire transcender les joueurs. Son parcours jalonné de passages au FUS et particulièrement au WAC de Casablanca lui donne une vision transversale unique, et profondément ancrée dans la culture et la tradition footballistique marocaine.
Le fait de parler plusieurs langues est aussi à son avantage. Son approche humaine auprès des joueurs, est différente de celle de son prédécesseur Vahid Halilhodzic qui avait écarté entre autres Hakim Ziyech et Noussair Mazraoui, points d’ancrage essentiels dans l’équipe … Il a su fédérer les membres de l’équipe autour de lui, avec une vision unique.
— Yassine Bounou: Le gardien titulaire du FC Séville est considéré comme le meilleur en Afrique (En avril 2022, il remporte le Trophée Zamora devant son concurrent de championnat Thibaut Courtois). Il est très efficace en un contre un et à l’aise dans les airs comme aux penaltys. Il est l’un des acteurs majeurs de la solidité défensive des Lions de l’Atlas.
— Romain Saiss: Le défenseur central et capitaine de l’équipe est un relais important de l’entraîneur sur le terrain.
— Achraf Hakimi: L’essence même du latéral moderne, de par sa rapidité et la qualité de ses centres tout comme Sofyane Amrabat qui a un abattage exceptionnel en milieu de terrain par son activité physique et sa relance extraordinaire. Il y a également le jeune Azzedine Ounahi, Hakim Ziyech et Youssef En-Nsyeri qui sont d’une efficacité redoutable sur les contres attaques.
Les Lions de l’Atlas, c’est surtout une organisation tactique qui ne laisse aucune brèche à ses adversaires avec un état d’esprit solidaire dans les efforts.
Que représente cette victoire pour toute l’Afrique ?
C’est un moment inédit pour le Continent africain, une évolution notable dans la perception de la compétitivité des équipes africaines, au plus haut niveau. Cela permet sans aucun doute d’envisager un plaidoyer plus impactant en faveur du Continent.
Le succès du Maroc reflète en réalité, les immenses efforts entrepris en termes d’infrastructures, de détection des talents, de formation et de gestion des anciennes gloires, depuis une dizaine d’années (complexe Mohammed VI de football) avec de grands clubs compétitifs sur la scène africaine.
Les Marocains ont patiemment et durablement construit leur réussite actuelle. C’est une gestion anticipative qui devrait inspirer et encourager d’autres fédérations africaines.
Quelle serait à votre avis l’issue des demi-finales ?
Je suis évidemment un fervent supporter du Maroc, et je souhaite qu’il aille au bout de la compétition. Leur parcours révèle bien leur talent. Ils ont les moyens de faire briller l’Afrique au firmament du football international.
Propos recueillis par Anouar AFAJDAR
