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Bourse de Casablanca: Interview avec M. Tarik Senhaji


  6 Janvier      61        Economie (21003), Photos (4436),

 

Casablanca, 06/01/2021 (MAP) – Le directeur général de la Bourse de Casablanca, Tarik Senhaji, revient, dans une interview accordée à la MAP, sur le rôle du marché boursier dans le financement de la relance économique, les actions mises en place à même d’encourager l’investissement du public en Bourse, ainsi que sur l’introduction en Bourse de la Foncière Aradei Capital.

1. L’introduction en Bourse d’Aradei Capital intervient non seulement après une disette des IPO d’à peu près 2 ans mais surtout après le pic de la crise liée au nouveau coronavirus (covid-19). Quelle lecture faites-vous de ses résultats ?

Nous avons été très satisfaits de constater l’engouement du public pour l’opération. En effet, elle a été souscrite 4,3 fois, ce qui signifie que le marché a réussi à mobiliser plus de 2,5 milliards de dirhams (MMDH), alors qu’Aradei Capital n’en demandait que 600 millions.

Par ailleurs, cette entreprise a réussi à séduire plus de 1.700 investisseurs, dont plus de 1.500 sont des personnes physiques, provenant des 12 régions du Maroc. Ainsi et dans le contexte actuel, nous estimons qu’il s’agit là de très bons résultats qui ne peuvent que rassurer et convaincre que le marché boursier est un moyen alternatif de financement, particulièrement en période de relance.

2. Que pensez-vous du timing de cette opération ? et quelle sera, d’après vous, sa valeur ajoutée ?

Il faut clairement comprendre que cette opération intervient comme une conclusion logique d’une année qui a commencé difficilement mais où le marché a clairement rallié pour répondre présent aux défis de la relance. En effet, l’introduction d’Aradei Capital est avant tout la preuve de la résilience de notre marché: après avoir cédé 25% de sa valeur en avril en réaction à la crise sanitaire et à l’instar des marchés internationaux, le marché a connu une participation accrue de la part des investisseurs, notamment les petits porteurs, qui ont largement réduit ce déficit à peine -5%.

En d’autres termes, un investisseur qui serait rentré en avril a déjà réalisé une plus-value de +24% ! Ce chiffre, tout de même impressionnant, traduit l’intérêt important porté par les investisseurs boursiers au financement des entreprises marocaines. Cet engouement a permis naturellement d’offrir les conditions idéales dont a bénéficié la nouvelle IPO d’Aradei Capital, et cela s’est traduit dans les performances de cet appel public à l’épargne.

L’IPO de Aradei Capital démontre clairement que les investisseurs de la bourse ne parlent plus de crise, mais bien de relance ! Pour preuve, les volumes de négociation sur le marché central sont en nette hausse par rapport à l’année dernière.

3. Pensez-vous que cette opération va donner au grand public le goût aux actions ?

Comme mentionné précédemment, nous avons la chance d’avoir une participation d’investisseurs privés très bien informés à la Bourse. Nous sommes très ambitieux par rapport à la participation de cette classe d’investisseurs et regardons avec envie ce qui se passe dans d’autres pays, surtout anglo-saxons, à l’instar des Etats-Unis où il y a une participation populaire et massive des petits porteurs de tous profils sociaux et régionaux, tout le monde « boursicote ».

Pour cela, il n’y a pas de mystère: Il faut redoubler d’efforts dans l’éducation et la vulgarisation, à travers notamment notre programme porté par l’Ecole de la Bourse qui se décline à deux niveaux :

– Une plus grande proximité. Nous venons à ce titre de signer un partenariat structurant avec le ministère de l’Education nationale de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour que la vulgarisation boursière soit introduite dans l’ensemble des universités marocaines du royaume.

– Un investissement massif dans le marketing digital qui permet une dissémination large et efficace de l’information.

Le grand public est toujours attiré par les opérations d’introduction en bourse qui arrivent à mobiliser un nombre important de personnes physiques. Notre objectif est de bien communiquer à cette cible que l’investissement boursier ne s’arrête pas à l’introduction et que c’est un très bon outil de gestion du patrimoine, que ce soit en achetant des actions en direct ou en en confiant la gestion à des professionnels (OPCVM Actions). Il permet :

– Une grande flexibilité. Nous pouvons investir et sortir dans un délai très court et dans un marché d’une grande liquidité.

– Ça permet de capturer, en particulier pour les investisseurs à long terme, des primes de rendement supérieurs.

– Un niveau de transparence et de protection du petit porteur très élevé assuré notamment par une régulation aux meilleurs standards internationaux mise en place par l’AMMC (Autorité marocaine du marché des capitaux).

– Et enfin, je sais que c’est un sujet qui tient à cœur à mes compatriotes, ça permet de soutenir nos entreprises nationales et les encourager à devenir plus performantes tout en se faisant rémunérer.

Je souhaite rappeler que même s’ils n’en sont peut-être pas conscients, la grande majorité des marocains est déjà investie dans le marché actions (vos retraites et vos assurances par exemple sont déjà placés en Bourse).

4. Est-ce que de nouvelles IPO sont prévues en 2021 ?

Nous l’espérons vivement ! Mais nous espérons surtout que le marché boursier puisse jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie et la mobilisation de l’épargne, tellement nécessaire en ces temps de relance.

Aujourd’hui, les effets de la crise sanitaire continueront à se faire ressentir sur le plan économique et dans le bilan des entreprises. La Bourse de Casablanca, comme l’a démontré l’opération Aradei, est tout à fait adaptée à contribuer à la relance économique du Maroc grâce à sa grande flexibilité pour la structuration de financements innovants, que ce soit en dette ou en capitaux propres.

La Bourse, particulièrement, offre aux entreprises un accès privilégié à l’argent frais disponible auprès des investisseurs qu’ils soient particuliers professionnels ou institutionnels. Quand je parle d’entreprises, j’entends bien entendu toutes les entreprises de notre tissu économique, notamment les PME qui représentent plus de 95% et ce, financement peut se faire par introduction pour les nouvelles ou par voie d’augmentation de capital pour les entreprises déjà présentes à la cote.

Comme je l’ai évoqué en introduction, les marchés boursiers ont été extrêmement résilients face aux défis révélés par la crise sanitaire. De plus, nous avons été très proactifs à reconnaitre les challenges que cette situation a créé au niveau du financement des entreprises, et nous y avons répondu, en concertation avec le ministère de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, l’autorité de tutelle, l’AMMC, l’autorité de régulation, et avec les opérateurs.

Le nouveau règlement général de la Bourse, qui a récemment été adopté, nous donne la latitude de mettre en place toutes les mesures susceptibles d’accroitre l’attractivité du marché et de le dynamiser pour attirer davantage d’émetteurs et d’investisseurs, notamment:

– La création d’un marché alternatif dédié exclusivement aux PME avec des conditions d’accès allégés.

– La création d’un compartiment ETI (Entreprises de Taille Intermédiaires), plus flexible que le compartiment A, qui a permis l’introduction en bourse de Aradei.

– L’implémentation de compartiments dédiés aux investisseurs qualifiés afin de faciliter le financement des projets plus risqués, de type infrastructure.

– La possibilité de lancer de nouveaux services de négociation pour les titres non-cotés (opérations privées).

Nous avons également procédé au lancement d’un indice nouvelle génération, le MSI20 qui permet aux investisseurs de mieux capturer la liquidité du marché.

Pour les entreprises n’ayant pas encore franchi le cap de la cotation en Bourse, il faut savoir que toutes les mesures et initiatives convergent pour leur en faciliter l’accès et la compréhension.

Le programme Elite est l’exemple parfait des efforts déployés par la Bourse de Casablanca au profit des PME souhaitant être accompagnées dans leur démarche de mise à niveau avec à la clé l’accès au financement et une visibilité accrue.

Au-delà du financement des entreprises, n’oublions pas que le marché boursier est également un outil idéal pour mobiliser directement l’épargne pour financer les grands projets d’infrastructure, ainsi que les stratégies sectorielles de l’Etat.

5. La Bourse de Casablanca et l’AMMC, en partenariat avec les différentes parties prenantes, ont mis en place plusieurs mesures pour dynamiser le Marché d’actions. Toutefois on constate, d’un côté, une faible appétence du public pour l’investissement en Bourse, et d’un autre, un nombre très limité des nouvelles IPO sur le marché Casablancais. Comment s’explique cette donne ? Quel est votre plan d’action en la matière ?

Il y a certainement plusieurs facteurs qui expliqueraient cette donne, notamment culturels dans le sens où les investisseurs et les entreprises préfèrent en premier lieu faire appel à des moyens classiques de placement (immobilier, agriculture, etc) et de financement (famille, banque de proximité, etc).

Grâce à une implication forte de toutes les parties prenantes du marché dans la promotion et la vulgarisation de l’éducation financière et boursière, nous arriverons à changer cette donne. Et si l’on croit l’engouement des investisseurs pour l’opération d’Aradei et la participation accrue du petit porteur cette année (la part des personnes physiques dans les volumes de la Bourse de Casablanca a doublé depuis le début de l’année 2020), nous avons bon espoir que cela est en train de changer. Bien entendu, parallèlement à cela, vu tout l’intérêt que représente la Bourse pour notre économie nationale:

– Pour les sociétés: Une meilleure gouvernance, une plus grande transparence, une accélération des moyens de développement notamment financiers, une plus grande compétitivité, etc.

– Pour les épargnants: Un moyen de financement du développement national, une intégration au circuit financier, un outil de placement transparent et sécurisé, etc.

Il est primordial de mettre en place des cadres incitatifs appropriés pour encourager l’utilisation de la Bourse de la part aussi bien des entreprises que de la part des investisseurs personnes physiques. Et c’est sur quoi nous travaillons avec notre tutelle, le ministère de l’Economie et avec le régulateur l’AMMC. Cela est pertinent plus que jamais aujourd’hui car investir en bourse, c’est investir dans l’économie de notre pays !

6. Est-ce que l’IPO d’Aradei Capital sera une bonne occasion de re-sensibiliser les marocains à la Bourse ?

J’ai eu l’occasion d’adresser cette question du côté du petit porteur, maintenant je suis heureux de l’adresser d’une manière plus générale. La Bourse a bâti, grâce à ses différents intervenants sous la tutelle du ministère de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, une infrastructure de marché de premier plan:

– Sur le plan technologique, nous utilisons le même système de trading que le London Stock Exchange ou bien Johannesburg Stock Exchange. C’est un système surpuissant qui nous permet de traiter jusqu’à 30.000 ordres par minute. Et cette résilience a été largement prouvée pendant la crise où nous avons facilement géré des pics très importants de négociation.

– Sur le plan réglementaire, sous l’égide de l’AMMC, le marché s’est doté d’un cadre des plus sécurisés dans le monde.

– Des intermédiaires financiers de premier plan, que ce soit au niveau des banques d’affaires, des sociétés de gestion ou des sociétés de bourse, à titre d’exemple la sophistication des outils de bourse en ligne proposés par ces intermédiaires est de tout premier plan.

– Dans l’animation du marché, la communauté des investisseurs institutionnels marocains s’est développée de manière très importante avec un grand niveau de professionnalisation. Elle est prête à accompagner la relance. A titre d’exemple, l’offre publique de Maroc Telecom l’année dernière a drainé 33 milliards de demande, majoritairement institutionnelle, pour une offre d’à peine 2 milliards de dirhams.

– Et enfin, une demande inassouvie de la part des grands fonds d’investissement internationaux attirés par le couple rendement/risque très attractif offert par la place casablancaise.

Le marché boursier peut financer l’économie marocaine d’un supplément de plusieurs dizaines de milliards de dirhams sans aucune difficulté pour absorber ce papier. Et là je parle d’opérations en capital, en ce qui concerne la dette, ce sera bien plus ! Cette manne tombe à point nommé dans le contexte actuel de relance. Il est de notre devoir de rendre cet outil accessible au maximum d’entreprises, ainsi qu’à l’Etat.

Je sais que quelques fois on entend dans l’espace public que la Bourse est trop sophistiquée, trop élitiste. Ce n’est évidemment pas le cas, comme cela est démontré dans un certain nombre de pays (à titre d’exemple, 55% des adultes américains ont un compte en bourse et le financement en capital de la part des entreprises privées atteint 185% du PIB).

Je souhaitais dire aujourd’hui que l’orientation première de la Bourse de Casablanca est qu’elle soit accessible au plus grand nombre, notamment les chefs d’entreprise et les petits épargnants, pour que tous puissent profiter des conditions très avantageuses qu’elle offre.

Donc, n’hésitez pas à nous joindre directement, à travers les réseaux sociaux ou à travers nos différents partenaires financiers qui font la place casablancaise et qui partagent notre ambition.

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