Conakry, 19 juin (AGP) – Suite aux multiples plaintes relatives aux cas de viols des filles mineures en République de Guinée, le Pr. Hassane Bah médecin légiste, chef service de la médecine légale au CHU d’Ignace Deen a accordé une interview exclusive à notre rédaction lundi 17 juin 2019 ; interview au cours de laquelle, il a fait le point de la fréquence des cas de viols dans la capitale et à l’intérieur du pays.
Pour le Professeur Hassane Bah « ce n’est un secret pour personne, que le viol est devenu récurrent en Guinée, car dit –il, en 2015 on avait une fréquence de 10% de nos consultations en étymologie. Aujourd’hui en 2019, nous sommes à presque 50% de nos consultations. Autrement dit, sur 10 malades examinés par jour, au moins 5 sont victimes d’agressions sexuelles, ce que vous appelez viol ».
Selon lui, on assiste à une recrudescence des violences sexuelles dans le pays.
Poursuivant son intervention, le médecin légiste estime que « de façon brute, en 1 an on a à peu près de 600 à 700 cas de viols. Et cette année, nous avons enregistré de janvier à juin 2019, plus de 300 personnes victimes de violences sexuelles ».
Dans la même optique, le médecin Hassane Bah a également précisé que : « le plus inquiétant en Guinée est que 90% de ces filles victimes de violences sexuelles ont moins de 10 ans ».
ET sur les traitements des cas d’agressions sexuelles sur mineures au sein de son service, le Pr. Hassane Bah a noté que cela dépend de l’état dans lequel ces filles sont admises dans le service.
Selon lui, ‘’ un protocole systématique pour la prévention des infections liées au VIH est mis en place, depuis un certain temps’’.
« Nous avons retrouvé que certaines filles qui sont violées de façon récurrente malheureusement, sont souvent infectées par le VIH ; donc nous avons mis en place un protocole de prévention lorsqu’il s’agit des viols collectifs, on met systématiquement un protocole à base de l’ARV pour réduire l’infection au VIH », a révélé le Pr Hassane Bah.
« A part cela, les filles qui sont violées avec des lésions comme les déchirures, les fistules, sont prises en charge au niveau du service de chirurgie, elles sont opérées et traitées chirurgicalement », mentionne le chef-service de la médecine légale au CHU d’Ignace Deen.
Pour terminer, le Professeur Hassane Bah pense que « c’est un phénomène qu’il faut prendre très au sérieux et qu’il faudrait l’implication des autorités en premier lieu, pour punir ces auteurs d’agressions sexuelles conformément aux dispositions du code pénal. Et ensuite, il faut surveiller les enfants à la maison, sur le chemin de l’école et à l’école, partout ».
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