Dakar, 1 nov (APS) – Le président de l’Association des métiers de la
musique du Sénégal (AMS), Daniel Gomes, accrédite l’idée d’une perte
de vitesse de la musique capverdienne au Sénégal, mais cette tendance
dit-il est liée à la crise globale du secteur de la musique depuis les
années 2000.
« En termes de production et de distribution de la musique
capverdienne, il y a une perte qui épouse la crise globale que
traverse la musique en générale au tout début des années 2000, les
ventes de CD connaissent des reculs dans tous les pays développés »,
a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.
Les ventes de disques « ont reculé de 10 % en 2007 et de 2002 à 2007,
le chiffre d’affaires de l’édition phonographique en France a perdu la
moitié de sa valeur », fait valoir M. Gomes, citant les statistiques du
syndicat mondial des producteurs de musique.
« Par ricochet, ce phénomène s’est étendu en Afrique, principalement au
Sénégal, fer de lance du brassage culturel en zone francophone. Il est
donc logique, sous cet aspect, de considérer que la musique
capverdienne a perdu du terrain au Sénégal », a-t-il souligné dans un
entretien avec l’APS.
Daniel Gomes préconise « une politique de développement de l’industrie
musicale épousant les nouveaux modes de distribution numériques qu’il
faut revoir et adapter à nos réalités. Cela aidera toutes les musiques
au Sénégal, pas seulement capverdienne, à redorer leur blason ».
L’évolution de la musique est également à prendre en compte selon lui.
« De nouveaux styles de musique, notamment le hip-hop, sont venus
enrichir le paysage médiatique sénégalais. Les artistes se bousculent
sur les scènes, car les ventes de disques ne leur apportent plus
grand-chose. Il leur faut multiplier les présences scéniques. Du coup,
le marché s’est rétréci et des musiques comme le jazz, le reggae et la
musique capverdienne ont cédé du terrain. C’est l’une des causes
possibles », analyse-t-il.
« Les difficultés ne sont pas inhérentes à la musique capverdienne au
Sénégal. Elles touchent tout le secteur musical. Il n’est plus
rentable de sortir un album. La mode est aux singles pour exister dans
les médias et espérer signer des contrats de prestations musicales.
Les réussites de certaines stars constituent l’arbre qui cache la
forêt de misères de la grande masse du secteur de la musique », insiste
M. Gomes.
Evoquant le Festival des musiques du Cap-Vert (FESMUCAP), qui démarre
samedi à Dakar pour 10 jours, le président de l’AMS estime qu’il
s’agit d’un « projet ambitieux » porté par un jeune sénégalo-capverdien,
Isidore Lopez.
« L’expérience a montré qu’un festival n’est en général rentable qu’au
bout de la cinquième édition, voire plus. C’est un pari osé d’employer
une trentaine d’artistes dans un évènement tel que le FESMUCAP. Par
contre, pour les artistes que nous sommes, pour les mélomanes, c’est
un moment unique de partage car tout ce beau monde n’a jamais communié
ensemble sur et devant une scène », a-t-il dit.
Le FESMUCAP peut selon lui « raffermir les liens d’intégration entre
les deux peuples du Sénégal et du Cap-Vert, participer au
développement du tourisme et de la culture, créer des emplois,
favoriser la création artistique (..) », à condition que cette édition
soit bien organisée et que la manifestation se pérennise.
MF/BK