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AIP/ En Côte d’Ivoire, ces initiatives qui redonnent vie aux terres dégradées par l’orpaillage (Dossier)


  6 Avril      170        Environnement/Eaux/Forêts (6477),

 

Abidjan, 06 avr 2023 (AIP)- L’orpaillage illégal fait recours à des produits chimiques hautement toxiques qui dégradent les sols au point que ces terres finissent par être considérées comme définitivement infertiles. Toutefois, de plus en plus, des solutions sont trouvées par des scientifiques et acteurs sociaux et communautaires en Côte d’Ivoire pour restaurer ces terres et rendre à nouveau cultivable, au grand bonheur des populations riveraines. L’AIP a sillonné certaines de ces initiatives qui redonnent vie aux parcelles dégradées par l’orpaillage. Dossier.

Vendredi 24 mars 2023, il est 09h30 à Kokumbo, commune dans le département de Toumodi dans le Centre de la Côte d’Ivoire à 219 km d’Abidjan. Des enseignants chercheurs, des autorités administratives et politiques et les populations sont mobilisées pour le projet de reforestation sur un ancien site d’orpaillage clandestin appelé ‘’Akobo poussière ». Plus de 700 plants de plusieurs espèces dont l’acacia, le petit cola ont été plantés sur cet espace 1,5 hectare, afin de redonner vie à cette terre. Ce planting d’arbres tant attendu par les populations dont les terres ont été endommagées par les activités de l’orpaillage clandestin a été possible après des travaux de recherche menés par l’équipe du chef du projet, le docteur Jean Kouamé Kan, enseignant chercheur à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody.

Ces résultats ont bénéficié de l’appui du Programme d’appui stratégique à la recherche scientifique (PASRES) à hauteur de 6.500.000 francs et de l’Institut de recherche de développement (IRD), un organisme de recherche français qui a soutenu le projet à hauteur de 4 millions Fcfa.

« Après avoir remblayé et fermé les trous sur le site, nous plantons les arbres qui vont capter et aspirer les substances chimiques nocives restées dans le sol après le passage des orpailleurs clandestins. Ils vont laisser tomber leurs feuilles qui vont enrichir de façon naturelle le sol et permettre sa « re-végétalisation », explique le chef du projet, l’enseignant chercheur à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody, Dr Jean Kouamé.

Il a promis que dans quelques années les populations pourront à nouveau planter le cacao ou d’autres cultures sur ce site.

Au nom du PASRES, Zeinab Ouattara souligne que ce projet répond parfaitement à la feuille de route du programme de financer des projets de recherche scientifique de haute qualité susceptible d’avoir un impact bénéfique sur le développement socio-économique et culturel de la Côte d’Ivoire ».

David Baratoux, Directeur de recherche à l’IRD a souhaité qu’après ce site pilote, ce projet soit mis en œuvre sur d’autres espaces.

Le conseil municipal s’est engagé à pérenniser ce site reboisé avec les services compétents de l’Etat et éviter qu’il soit recolonisé par les orpailleurs.

La ministre gouverneur du District Autonome des Lacs, Raymonde Goudou Coffie qui a présidé cette cérémonie de planting d’arbres a félicité l’équipe de recherche du docteur Kouamé Kan et les partenaires qui ont permis l’atteinte des solutions innovantes qui donnent de l’espoir à toute la région.

Le chef de projet Dr Jean Kouamé Kan a promis que les enseignants chercheurs de Côte d’Ivoire désormais très mobilisés ont la capacité de redonner vie à tous les sites détruits et endommagés par l’orpaillage clandestin sur toute l’étendue du territoire national.

A Kokumbo, le 13 octobre 2022, le démantèlement d’un site d’orpaillage clandestin à Kokumbo par le groupement spécial de lutte contre l’orpaillage illégal avait occasionné cinq morts et plusieurs blessés.

Depuis lors, le sous-préfet de Kokoumbo, Rosine Goué Prisca, et la chefferie à la suite des autorités nationales ont entrepris des actions pour ramener le calme et la cohésion, ce qui a abouti au lancement de ce projet pilote.

Des terres dégradées de Papara restaurées

Papara, chef-lieu de commune dans le département de Tengréla, district des Savanes est une zone aurifère par excellence dans le Nord ivoirien, à 788 km d’Abidjan.

Avec une exploitation à caractère artisanal, et compte tenu de son intensité élevée, l’orpaillage a eu des effets négatifs considérables sur l’écosystème forestier, écosystème déjà fragilisé par d’autres actions anthropiques et des aspects liés aux changements climatiques.

Dans leur pratique, les mineurs ont utilisé le mercure notamment a un effet dévastateur sur la faune et la flore pour séparer l’or du minerai. Ils utilisent en moyenne 1,3 kg de mercure pour récupérer 1 kg d’or.

Les conséquences en sont la dégradation des terres de culture et des aires de pâturage, avec pour corollaire la baisse progressive de la productivité agro-sylvo-pastorale. Cela a amené les populations à adopter de nouvelles stratégies de survie afin de subvenir aux besoins des familles : exode des bras valides de la région vers la zone côtière, vente de biens, dégradation des mœurs (vol, mendicité…).

Les femmes, qui représentent plus de la moitié de la population sont les premières à subir les conséquences négatives de cette situation. L’exode ne pouvant être une solution pour elles, elles deviennent très vulnérables.

C’est dans ce contexte qu’une initiative de récupération de terres dégradées et leur mise en valeur a été prise par l’association COGINTA, à travers un projet de sécurisation de l’or de la Côte d’Ivoire (SECORCI). Ce projet a vu la réhabilitation de plusieurs hectares de terres endommagées par l’orpaillage clandestin dans cette zone.

«Nous avons réhabilité plusieurs hectares de terres considérées comme perdues. Des femmes regroupées en association y ont planté et récolté des aubergines et du piment », révèle Hippolyte Sib de l’ONG Cognita.

Plusieurs méthodes ont été utilisées pour la reconstitution des terres, à savoir des machines pour les grands travaux et certaines tâches confiées aux populations pour éviter de détruire les arbres.

Des agents de la direction des mines et de l’Institut national polytechnique Houphouët Boigny (INPHB) ont apporté leur expertise pour plus de sécurité.

« Ils vérifient si la nappe phréatique n’est pas touchée par les produits utilisés tels que le cyanure et le mercure pour mettre en œuvre cette technique. Si la nappe phréatique est touchée, c’est en ce moment que la tâche se complique. mais Dieu merci pour l’instant, la nappe phréatique est intacte», confie M. Sib.

Le représentant de l’association salue les populations de la sous-préfecture de Papara pour leur collaboration et implication à la réussite du projet.

« Aujourd’hui, on peut comprendre qu’exploitation minière et agriculture peuvent se succéder sur le même site », se félicite-t-il.

Installée à Tengrela depuis juillet 2021 pour une phase expérimentale, l’association COGINTA a renouvelé son projet pour trois nouvelles années.

Le projet permet actuellement aux populations de Papara d’obtenir des revenus supplémentaires et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie socio-économiques des populations en général, et des couches vulnérables en particulier, et pour augmenter la résilience des populations face aux changements climatiques.

Cette initiative a permis de remblayer des puits de de 05 à 10 m de profondeur de moyenne et 0,90 m de diamètre, ce qui représente 12m3 par puits, promouvoir la culture vivrière (riz, maïs, aubergines, piment, anacarde..) et celle des légumineuses qui entrent dans l’alimentation traditionnelle des populations locales. Cela permet de renforcer la sécurité alimentaire locale en vue d’une sédentarisation des paysans sur leur domaine familial.

Bobi, la localité diamantifère reconvertie

Autrefois fief de l’extraction artisanale de diamant, les terres de Bobi dans le département de Séguéla ont été transformées en de vastes exploitation forestières (champs de maraichers) et de pisciculture.

Le projet, initiative du sous-préfet, Kouamé Loukou Eric a vu la réhabilitation écologique et communautaire incluant un barrage, des dispositifs d’irrigation, des formations agropastorales et encadrement pour les communautés locales.

Dès sa prise en fonction en 1994, l’autorité préfectorale a initié le projet ‘’un habitant, un hectare de riz’’ qui efface les traces de l’embargo sur le diamant avec son corollaire de pauvreté accrue dans la zone.  L’action soutenue par des partenaires au développement a démarré avec 300 volontaires pour atteindre 2.500 personnes.

Les terres dégradées ont été transformées en de vastes plantations de maraichers et de cultures d’anacardes et des fermes piscicoles. Plus de 200 tonnes ont été récoltés, selon l’autorité administrative. Aujourd’hui, la localité de Bobi produit 3.000 hectares de riz, 800 hectares, 400 hectares de maniocs, 45 hectares de piments et de tomates et une trentaine de coopératives mises en place. Sur place, la population est très heureuse de ce projet qui a changé leur vie.

Le cultivateur Dosso Mamadou a confié à l’AIP qu’il arrive à produire du riz, du maraîcher, du cacao… Plusieurs villages environnants qui vivent les mêmes problèmes demandent cette technique pour la réhabilitation de leurs terres dégradées par l’orpaillage illégal. Un projet d’agroforesterie est en cours, à Kokoumbo, une localité tristement touchée par l’orpaillage clandestin, selon Kouamé Kan Jean, enseignant chercheur à l’université Félix Houphouët Boigny et qui travaille avec l’institut pour la recherche et le développement (IRD).

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